Miroir de nos peines [Pierre Lemaître]

Alors que ce troisième volet de la trilogie des Enfants du désastre sort en poche, il était plus que temps de le sortir de mes étagères, d'autant que j'ai beaucoup apprécié les deux premiers opus.

L'histoire: Avril 1940. Louise, trente ans, court, nue, sur le boulevard de Montparnasse. Pour comprendre la scène tragique qu'elle vient de vivre, elle devra plonger dans la folie d'une période sans équivalent dans l'histoire, où la France tout entière, saisie par la panique, sombre dans le chaos, faisant émerger les héros et les salauds, les menteurs et les lâches... Et quelques hommes de bonne volonté.

Mon avis : La route de l’exode, la débâcle. Voilà le cadre de ce troisième et dernier tome de la trilogie de Pierre Lemaître, entamée avec le magnifique Au-revoir là-haut. Trois livres, trois périodes de la première à la seconde guerre mondiale, et trois lectures passionnantes que j’aurais dévoré.

Un critique le disait dans « Le masque et la plume », ce livre tient du roman-feuilleton. J’y ai effectivement retrouvé le même plaisir que je prenais, petite, à écouter un chapitre quotidien d’un roman que Bruno Cras lisait le midi à la radio. Pour autant, comme pour les deux premiers tomes, c’est aussi très visuel. A la lecture, on voit clairement se dérouler le film qui pourrait en être fait, les images suggérées par les mots s’animent facilement. Les personnages se mettent en place, et on sait que leurs itinéraires vont finir par converger. On espère et on désespère avec eux. On s’indigne de l’incurie militaire française, des manipulations gouvernementales, de la place de la femme. Et on s’enthousiasme pour la figure de Désiré Migault qui trouve dans cette période folle de quoi exprimer tout son art. Il y a du rythme et jamais on ne s’ennuie.

On sent que l’auteur aime ses personnages, même les plus retors. S’il fallait faire une seule critique, ce serait d’ailleurs le manque d’un vrai méchant, d’un personnage qu’on aimerait détester. Tous, ici, vont finalement s’avérer gentils. Point de profiteur de guerre à l’horizon, comme on avait pu en voir dans les deux premiers tomes.

Pierre Lemaître aime indubitablement son lecteur. En ce sens, c’est de la littérature populaire dans ce qu’elle a de meilleure : c’est facile et intelligent. Une fois entamé, ça se dévore tout simplement.


Miroir de nos peines, de Pierre Lemaître
Éditions Albin Michel
Février 2020

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Je te rejoins. Mai sil m'a manqué tout de même un petit quelque chose en plus.

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