Mademoiselle Baudelaire [Yslaire]

Si Yslaire est surtout connu pour sa grande saga Sambre, réalisée avec plusieurs collaborateurs, il a travaillé ici à la fois sur le scénario, le dessin et les couleurs.

L'histoire : "Madame Aupick, A vous, je peux le dire qui me demandez qui je suis. Mais, au risque de paraître orgueilleuse, aucun lecteur des Fleurs du mal n'oubliera la Vénus noire de Charles Baudelaire, la muse immorale, damnée du plus grand des poètes maudits. Oui, c'est moi, la belle ténébreuse, cette chère indolente, qui marche en cadence, belle d'abandon, comme un serpent qui danse..."

Mon avis : Yslaire est très attaché au XIXe siècle, époque où se déroule ses différents cycles Sambre. Il n'est donc pas très étonnant de le retrouver s'emparant du 200e anniversaire de la naissance de Baudelaire en 2021 pour proposer un album consacré au poète maudit. Pour plus d'originalité, il choisit le point de vue de Jeanne Duval, muse et inspiratrice des plus beaux poèmes des Fleurs du Mal. On sait très peu de choses sur elle. Baudelaire la repère dans un petit rôle au théâtre et semble fasciné par elle. Il finit par habiter avec elle et la passion qui les habite est destructrice.


Se basant sur le peu qu'on connaît de cette Vénus noire, Yslaire imagine ce qu'aurait pu être leur relation : brûlante, passionnée mais aussi toxique. La fascination que le poète ressent pour le corps de Jeanne le pousse pourtant à la rejeter. Peut-être parce que, rongé par la syphilis, il ne peut pas en profiter. Esprit torturé par excellence, jamais vraiment satisfait. Jeanne accepte tout, même les moqueries du petit groupe que Baudelaire forme avec Nadar et Nerval mais refuse de disparaître complètement derrière la grandeur de l'artiste.

Un album passionnant.


Mademoiselle Baudelaire, d'Yslaire
Éditions Dupuis collection Aire Libre
Avril 2021

Commentaires

J'ai beaucoup aimé cet album aussi.
La chèvre grise a dit…
@ Nicolas : une étonnante façon d'aborder l'oeuvre du grand poète.

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