La pluie, avant qu'elle tombe [Jonathan Coe]

L'auteurÉcrivain britannique né en août 1961, Jonathan Coe, souvent primé, accède à la notoriété avec son quatrième roman, Testament à l'anglaise paru en 1994.

L'histoire : Rosamond vient de mourir, mais sa voix résonne encore, dans une confession enregistrée, adressée à la mystérieuse Imogen. S'appuyant sur vingt photos soigneusement choisies, elle laisse libre cours à ses souvenirs et raconte, des années quarante à aujourd'hui, l'histoire de trois générations de femmes, liées par le désir, l'enfance perdue et quelques lieux magiques. Et de son récit douloureux et intense naît une question, lancinante : y a-t-il une logique qui préside à ces existences ?

Mon avis : Lorsqu’on parle littérature anglaise, le nom de Jonathan Coe revient souvent. Il était donc largement temps que je découvre cette plume. Il semble que j’ai porté mon dévolu sur un roman un peu à part dans son œuvre avec La pluie, avant qu’elle tombe, moins humoristique apparemment.

Commençons par le procédé narratif : l’auteur s’appuie sur une Rosamond, narratrice qui s’est enregistrée décrivant une vingtaine de photographie, pour raconter le destin de trois générations de femmes, Beatrix, Thea et Imogen. Elle cherche à comprendre ce qui a pu pousser ces femmes à reproduire l’engrenage de malheur, inexorablement. Elle dit l’émotion qui l’habite à l’époque de chaque cliché, elle nous plonge dans des destins fortement entremêlés, comme lié par un fil fait de frustration et de colère. Ici, point de libre arbitre mais un déterminisme : chacune fait avec les cartes qu’elle a en main, influencée par la génération qui l’a précédée.

Il y a une vraie tendresse qui se dégage de l’écriture de l’auteur pour ses personnages, qu’on suit, perdus, au gré des événements qui les agitent. La trame historique est intéressante même si assez peu exploitée : l’exode des enfants pendant le Blitz et l’homosexualité féminine dans les années 70. Une grande place est donnée au visuel et au son, ce qui apporte une tonalité très particulière.

Le problème c’est que l’ensemble ne me semble pas assez profond au final. À quoi tout le roman est-il sensé nous mener ? La raison pour laquelle Imogen a perdu la vue ? Pourquoi Gill n’arrive pas à la retrouver ? Je ne suis pas convaincue que cela soit si important au regard des destins contés or c’est pourtant vers ce climax que tout est construit. Un peu décevant donc.


La pluie, avant qu'elle tombe, de Jonathan Coe
Traduit par Jamila et Serge Cauvin
Éditions Folio pour Kindle
Mai 2011

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Il me reste un vague souvenir de cette lecture, un peu comme la pluie qui ne laisse pas de souvenir pérenne, sauf grosse catastrophe.
La chèvre grise a dit…
@ Alex Mot-à-mots : J'avoue être un peu déçue, pas sure de retenter prochainement.

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