Gentlemind, tome 2 [Diaz Canales, Valero et Lapone]

Prévue pour 2021 à la base, ce dernier album du diptyque Gentlemind, dont le premier tome est sorti en 2020, aura mis un peu plus de temps pour sortir. Je l'attendais avec impatience.

L'histoire : New-York, 1940.
Navit, une jeune artiste désargentée, hérite d'un journal de charme quelque peu désuet : Gentlemind. Combative, intelligente et audacieuse, elle s'improvise patronne de presse et se lance le défi insensé d'en faire un magazine moderne. Hantée par le souvenir de son amant disparu sur le front en Europe, elle doit affronter la réalité d'une société américaine en plein âge d'or mais résolument machiste...

Mon avis : À la fin du premier tome, nous avions laissé Navit avec son magazine enfin remis au goût du jour. Elle avait su s'entourer des bonnes personnes pour refondre complètement le contenu, proposer de nouvelles rubriques qui intéressaient les hommes de cette époque. Et notamment, elle avait opté pour mettre en lumière les talents d'écrivains encore méconnus, parmi lesquels un fameux John Doe qui s'avérait n'être personne d'autre que son propre rédacteur en chef, l'ancien avocat d'affaires Waldo Trigo.

Les trois auteurs nous livre un double album passionnant sur la création d'un magazine pour hommes et les défis pour la maintenir au cœur de la tendance. Le récit court des années 30 jusqu'aux années 70. On s'intéresse dans ce second tome à la façon dont le magazine va devoir évoluer et s'accaparer les nouvelles modes. Le papier est roi et les journaux et magazines se livrent une guerre sans merci : il ne fait pas bon rater le coche. Le monde évolue et il faut suivre le mouvement ! 

Ils recentrent également le récit sur l'histoire plus personnelle  Car c'est là le revers de la médaille : le succès abime les relations humaines. Navit attend beaucoup de Waldo qui n'est pas prêt à tout sacrifier sur l'autel de Gentlemind. D'autant qu'il sait ne pas pouvoir rivaliser dans le cœur de sa patronne avec Arch Parker, son amour de jeunesse parti au front et revenu bien abîmé. Des histoires d'amour impossibles donc, des trahisons, le tout sur fond de guerre, de chasse aux communistes et aux nazis... Une ambiance tragique maîtrisée et réussie. 



Lapone fait habilement vieillir ses personnages de page en page. Son dessin toujours aussi stylisé et précis est fabuleux, même s'il faut s'y faire : les visages sont anguleux et agressifs, mais les corps savent aussi se faire doux et plein de courbes quand il s'agit de dessiner des pin-up. La mise en couleur est elle aussi au niveau d'exigence globale de cet ouvrage.

Un très beau diptyque donc sur l'évolution du monde et de celui de la presse aux États-Unis.


Gentlemind tome 2, de Juan Diaz Canales, Terasa Valero et Antonio Lapone
Éditions Dargaud

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