Dessous les roses [Olivier Adam]

L'auteur
: Né en juillet 1974, Olivier Adam est un écrivain français. Il a obtenu la reconnaissance des critiques dès la publication de son premier roman Je vais bien, ne t'en fais pas. Plusieurs de ses romans ont été sélectionné pour le Prix Goncourt.

L'histoire : — Tu crois qu’il va venir ? m’a demandé Antoine en s’allumant une cigarette.
J’ai haussé les épaules. Avec Paul comment savoir ? Il n’en faisait toujours qu’à sa tête. Se souciait peu des convenances. Considérait n’avoir aucune obligation envers qui que ce soit. Et surtout pas envers sa famille, qu’il avait laminée de film en film, de pièce en pièce, même s’il s’en défendait.
— En tout cas, a repris mon frère, si demain il s’avise de se lever pour parler de papa, je te jure, je le défonce.
— Ah ouais ? a fait une voix derrière nous. Je serais curieux de savoir comment tu comptes t’y prendre…
Antoine a sursauté. Je me suis retournée. Paul se tenait là, dans l’obscurité, son sac à la main. Nous n’avions pas entendu grincer la grille. J’ignore comment il s’y prenait. Ce portillon couinait depuis toujours. Aucun dégrippant, aucun type d’huile n’avait jamais réussi à le calmer. Mais Paul parvenait à le pousser sans lui arracher le moindre miaulement.

Mon avis : Le titre de ce roman est tiré de la chanson Nantes de Barbara. Pour ceux qui connaissent, il révèle alors beaucoup de ce qu'on va trouver en lisant ces lignes : une histoire familiale revue à l'aune d'un deuil, celui du père. Écrit comme un premier jet destiné à devenir une pièce de théâtre, Paul, le cadet de la fratrie, revisite ses relations avec sa sœur aînée Claire et son petit frère Antoine. Trois actes, trois jours, pour retranscrire, dans le huis-clos de la maison familiale où ne reste que la mère, les difficultés relationnelles de la fratrie. Paul, réalisateur, a plus qu'écorné l'image de sa famille au gré de ses films et de ses interviews. Ce que ne lui pardonne pas Antoine qui garde lui une toute autre image de son enfance. L'incompréhension règne entre eux deux. Claire n'éclairera pas le lecteur quant à la vérité. Car de fait, la vérité n'est pas unique mais multiple. Chacun réécrit son histoire en fonction de ce qu'il a ressenti, de sa sensibilité, de ses souvenirs.

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce n'est pas l'occasion d'un règlement de comptes mais plutôt la possibilité pour chacun de dire ce qu'il pense à cœur ouvert. Et étonnamment, à aucun moment, la famille n'explose vraiment. Car il y a une forme d'amour un peu masochiste ici. Les trois frères et sœur se font du mal et ne peuvent ni ne veulent s'en empêcher. Aucun n'est près à rompre définitivement, ce que le décès du père pourrait leur permettre. Non, ils continuent, comme coincés dans ces rôles qui leur auraient été attribués dès la naissance. Pas de changement en perspective, un simple constat de ce qu'est une famille lambda.

C'est peut être ce qui m'a un peu gênée dans cette lecture, qu'Olivier Adam se contente de brosser un portrait familial si classique. Je m'attendais à un retournement, une révélation, quelque chose d'original sur un sujet déjà mille fois rebattu plutôt que de passer d'un personnage à l'autre, toujours ressassant son triste destin.


Merci aux éditions Flammarion et à Babelio pour cette lecture.

"On ne mesure jamais combien la mort de ceux qu'on aime nous laisse exsangues, sans force, anesthésiés. Les cris, les sanglots, à certains moments, c'est hors d'atteinte. Ça demande top d'énergie." (p°136)

Dessous les roses, d'Olivier Adam
Éditions Flammarion
Août 2022

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Tu me confortes dans mon choix : je ne le lirai pas.
Philisine Cave a dit…
Je ne sais pas si tu as lu le livre de Karine Reysset, Les yeux au ciel. Cela parle aussi de réunion de famille et c'est tellement bien construit (https://jemelivre.blogspot.com/2012/06/les-yeux-au-ciel-karine-reysset.html)
La chèvre grise a dit…
@ Alex Mot-à-mots : disons que ce n'est peut être pas par ce titre que j'aurais du commencer la découverte de cet auteur...

@ Philisne Cave : ah non, jamais entendu parler. Je vais aller voir ça.

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