Sons, de Gustav Möller

Film danois de Gustav Möller, sorti le 10 juillet 2024, avec Sidse Babett Knudsen et Sebastian Bull Sarning.

L'histoire : Eva, gardienne de prison exemplaire, fait face à un véritable dilemme lorsqu'un jeune homme de son passé est transféré dans l’établissement pénitentiaire où elle travaille. Sans dévoiler son secret, Eva sollicite sa mutation dans l'unité du jeune homme, réputée comme la plus violente de la prison.

Mon avis : En 2018, j'avais adoré The Guilty du même réalisateur. Un polar en huis clos, centré sur la seule performance de l'acteur Jakob Cedergren. Aussi, quand j'ai vu que Gustav Möller sortait un nouveau film, je n'ai pas pu m'empêcher d'aller le voir. Si je suis moins enthousiaste que pour son film précédent, j'ai tout de même passé un bon moment.

Nous sommes à nouveau presque en huis clos, cette fois dans une prison, avec une infime incursion dans le monde extérieur à la fin. L'univers carcéral est bien rendu, avec ses détenus parfois extrêmement violents, et le travail fantastique que font certains surveillants pour continuer à les traiter en êtres humains. Eva est de ceux là. Affectée dans un service de détenus particulièrement fragiles psychologiquement, elle est très appréciée et respectée. 

Dans un mouvement spontané, elle demande à être mutée dans le service de haute sécurité pour suivre le jeune Mikkel, 25 ans, qui vient tout juste d'arriver. On sait immédiatement pourquoi : il a tué son fils. Petit à petit monte en elle un désir de vengeance. En tant que surveillante, elle exerce de fait un pouvoir sur le détenu et elle s'en sert pour le harceler. Mais Mikkel est loin d'être de la même trempe que les détenus auxquels elle a habituellement affaire. Il est bien plus dangereux.

Le récit est oppressant et sombre. Les deux acteurs sont époustouflants. On sent toute la haine, la rage, la violence qui bouillonnent en eux quand ils ne l'extériorisent pas. Ils sont littéralement rongés de l'intérieur à l'écran. La thématique de la violence carcérale offre ici une vision pessimiste de la quasi impossibilité de réinsérer certains détenus dans une vie normale, même si les dernières images m'ont laissée croire que Mikkel trouve enfin le chemin qui pourrait le mener vers la rédemption. Sauf que pour ce faire, il aura fallu un investissement hors norme d'Eva, la menant elle-même au bord de la destruction.

Le bémol ici, tient d'une part au suspense, inexistant puisqu'on sait tout de suite de quoi il retourne. Et d'autre part à des incohérences scénaristiques fortes qui empêchent d'incarner réellement la tension entre les deux personnages. Le jeu proposé par Gustav Möller tient pourtant essentiellement à ce ressort, mais ici il ne tient pas. Comment croire que dans un quartier de haute sécurité, un gardien puisse, surtout quand il est nouvellement muté, se retrouver à n'importe quel moment seul avec un détenu aussi dangereux que Mikkel ? Pourtant, tout le jeu du chat et de la souris entre nos deux protagonistes tient à ces moments privilégiés.

Bref, ça aurait pu être excellent, ce n'est que distrayant. J'attendais beaucoup plus.

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