Tepe, la colline [Firat Yaşa]
L'histoire : Bien avant ton époque et bien avant la mienne...
Quand l'Homme commençait tout juste à se différencier de l'animal, quand le règne des bêtes touchait à sa fin, quand la terre solitaire, millénaire et vierge commençait à se transformer sous la main de l'Homme et que l'abîme en l'Homme commençait à se creuser sur la Terre solitaire, millénaire et encore vierge...
Mon avis: Nous sommes au Néolithique pré-céramique. L'Homme se différencie de l'animal et des civilisations et des cultures commencent à se construire. Râht est un nomade vivant à la marge de la société, refusant la violence des siens et capable de communiquer avec les animaux croise le chemin de Mürr, une biche en fuite, symbole des ces anciens animaux que la tribu sédentarisée sur la colline de Tepe cherche désormais à annihiler pour imposer leur dieu unique "Père ciel". Cette société qui se veut civilisée est d'une violence qui dérange ceux souhaitant vivre plus en lien avec la nature.
Râht et Murr vont parcourir la région pour retrouver la mère de Mürr capturée par les adorateurs de Père ciel. Formant un duo improbable, ils nous entrainent à leur trace dans un conte philosophique, rencontrant des êtres variés qui laissent entrevoir une alternative plus heureuse au fanatisme.
Servi par un dessin minimaliste mais splendide, très poétique, Firat Yaşa réussit parfaitement son pari de nous livrer un album écologique, violent et onirique, qui interroge et éveille le lecteur sur notre relation à la nature et sur ce qui fait communauté. On se laisse bercer par la succession de pages sans texte, par la féérie qui se dégage, une forme de langueur qui nous enveloppe.
Une pépite à découvrir ! Au passage, je découvre le site de Göbekli Tepe, site préhistorique découvert assez tardivement au XXe siècle et inscrit en 2018 au patrimoine culturel de l'UNESCO.
Tepe, la colline, de Firat Yaşa
Éditions Çà et Là
Février 2024
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