La décision [Karen Tuil]
L'histoire : Mai 2016. Dans une aile ultrasécurisée du Palais de justice, la juge Alma Revel doit se prononcer sur le sort d’un jeune homme suspecté d’avoir rejoint l’État islamique en Syrie. À ce dilemme professionnel s’en ajoute un autre, plus intime : mariée depuis plus de vingt ans à un écrivain à succès sur le déclin, Alma entretient une liaison avec l’avocat qui représente le mis en examen. Entre raison et déraison, ses choix risquent de bouleverser sa vie et celle du pays…
Mon avis : J'ai entendu beaucoup de bien de ce roman, que beaucoup décrivait comme une claque. Alors certes, j'ai été admirablement impressionnée par la qualité documentaire du contexte des juges d'instruction du parquet antiterroriste et des enjeux politiques qui découlent de toutes les décisions que ces hommes et femmes peuvent être amenés à prendre.
Surement aidée par son bagage estudiantin, Karen Tuil rend merveilleusement les contradictions qui sont les leur, entre impératifs sécuritaires et justice. Oui, toute décision implique des conséquences et oui, il peut arriver de se tromper. Surtout, l'erreur peut aussi être partagée, globale, systémique : quand tous les voyants sont au vert, comment justifier juridiquement un simple pressentiment ?
Mais je n'ai pas été convaincue par l'histoire, peu crédible, qui mêle comme par hasard histoire d'amour grandiose, folle, racines juives non assumées et mènent ainsi forcément au drame qu'on sent venir dès le début. Les personnages forment un ensemble abominablement caricatural : la juge forte, qui tient sa famille à bout de bras mais investit complètement son travail ; son père criminel ; son bientôt ex-mari radicalisé ; sa fille qui envisage le mariage avec un musulman ; l'amant avocat génial et fou, tombeur qui tombera pour elle ; l'ex de l'amant qui est aussi avocate mais forcément agressive, désagréable et revendicative... Tout cela manque de sincérité, de simplicité. A trop en faire, à surfer sur l'actualité douloureuse, cela vire au cliché, tombe dans le pathos voire à l'indécence !
"Je veux divorcer, non pas pour cet homme, mais pour moi-même, je ne veux plus me contenter de cette vie, mais j’ai peur de tout détruire, de regretter, de tout perdre. J’ai peur, en fait, de prendre une mauvaise décision. — Le risque de prendre une mauvaise décision n’est rien comparé à la terreur de l’indécision." (page 213)
La décision, de Karen Tuil
Éditions Gallimard pour Kindle
Février 2023
Je n'ai pas boudé cette lecture, même si ce n'est pas pour moi le roman le meilleur de l'auteure.
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