Exposition : Georges de La Tour, entre ombre et lumière

Artiste célèbre de son vivant, Georges de La Tour sombre dans l'oubli après sa mort pendant plus d'un siècle avant d'être redécouvert à la fin du XIXe par les historiens de l'art. Il fut un grand maître des scènes de nuit, jouant magnifiquement avec la lumière. L'exposition qui se tient jusqu'en janvier au musée Jacquemart-André lui rend un bel hommage.

Le Nouveau-né, Georges de La Tour, huile sur toile -1647-1648

Madeleine pénitente, Georges de La Tour, huile sur toile - 1635-1640

Né en 1593 et mort en 1652, Georges de La Tour vécut l'essentiel de sa carrière dans le duché catholique de Lorraine, indépendant à l'époque, et coincé entre la France et le Saint Empire. Il a travaillé pour de prestigieux collectionneurs, pour les ducs de Lorraine puis à la cour de France sous Louis XIII. On sait que Richelieu fut un de ses illustres clients. On ne sait pas grand chose de plus de sa vie. On soupçonne un possible séjour en Italie vers 1610, dans le sillage d'autres grands artistes lorrains (Jacques Callot, Claude Deruet ou Jean Le Clerc). Mais son style évoque aussi les écoles de peinture du Nord de l'Europe.

Job raillé par sa femme, Georges de La Tour, huile sur toile - 1630

Le reniement de Saint Pierre, Georges de La Tour, huile sur toile - 1650

On ne conserve qu'une quarantaine de tableaux originaux de lui aujourd'hui, sur une estimation de autre à cinq cents productions, mais aussi des copies qui montrent le succès qu'il a pu rencontrer, notamment grâce à sa stylisation inimitable de la lumière artificielle et des formes, surtout les visages. Les mouvements sont figés, pris sur le vif.

Saint Grégoire, Georges de La Tour (ou d'après ?), huile sur toile - 1630

Saint Thomas, Georges de La Tour, huile sur toile - 1636

La lumière d'une chandelle déchire une scène de genre nocturne et met en exergue la simplicité. Nous sommes loin des habits fastueux et des meubles richement sculptés. Ici, tout est humble et ce dépouillement souligne le divin dans les scènes parfois les plus prosaïques. Celui du souffle de la vie dans Le Nouveau-né ou des thèmes spirituels usuels à l'époque, comme Madeleine pénitente. Sa sobriété, flirtant parfois avec l'austérité rappelle le mouvement de la Contre-Réforme et vise à plus de pureté.

Le vielleur à la sacoche, Georges de La Tour, huile sur toile - 1640

Les mangeurs de pois, Georges de La Tour, huile sur toile - 1620

La Tour n'a pas inventé le ténébrisme, porté à son apogée par Caravage, ce mouvement visant à peindre des scènes sombres pour n'éclairer que certains détails de façon très vive. Et s'il est surtout connu pour s'être inscrit dans ce mouvement, il a aussi peint des scènes diurnes, souvent austères et peu amènes, parfois aussi "sombres" que ses scènes nocturnes, si ce n'est l'absence de toute lumière artificielle. Il s'agit souvent de figures marginales, des petites gens : musiciens, mendiants... On remarque aussi qu'il n'y a pas de pathos dans ces représentations : elles sont factuelles et dignes.

Saint Jérôme pénitent (Stockholm), Georges de La Tour, huile sur toile - 1630

Saint Jérôme pénitent, dit à l'auréole, Georges de La Tour, huile sur toile - 1630

Il n'hésite pas à représenter plusieurs fois une même figure, avec quelques variantes visant à personnaliser la toile pour le commanditaire, comme c'est le cas pour les deux Saint Jérôme pénitent. Une logique de production assumée pour répondre à une forte demande. Difficile du coup de distinguer l'original et la copie, l'œuvre de l'artiste et celle de l'atelier.

Saint Jérôme lisant, Georges de La Tour, huile sur toile - 1648-1650

Saint Pierre repentant, dit Les larmes de saint Pierre, Georges de La Tour, huile sur toile - 1645

Une belle exposition qui présente un grand nombre de toiles sur le peu qu'on lui attribue, mais j'ai regretté l'absence de toiles appartenant au musée du Louvre comme Le tricheur à l'as de carreau ou La diseuse de bonne aventure. En quoi ces deux toiles sont-elles plus "imprêtables" que Madeleine pénitente ou Le nouveau-né ?


Informations utiles :


Du 11 septembre 2025 au 26 janvier 2026

Ouvert tous les jours de 10h à 18h, nocturnes les lundis et samedis jusqu'à 20h30

Musée Jacquemart-André
158 Boulevard Haussmann
75008 Paris
Tel : 01 45 62 11 59

Tarif : 18€ (accès exposition et musée)
Audioguide : 3€

Site du musée Jacquemart-André : ici

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