Zaï Zaï Zaï Zaï [Fabcaro]

L'auteur : Né en août 1973, Fabcaro, de son vrai nom Fabrice Caro, est un auteur de bandes dessinées français. Zaï Zaï Zaï Zaï a remporté de nombreux prix, dont le prix Landerneau.

L'histoire : Un auteur de bande dessinée, alors qu’il fait ses courses, réalise qu’il n’a pas sa carte de fidélité sur lui. La caissière appelle le vigile, mais quand celui-ci arrive, l’auteur le menace et parvient à s’enfuir.

La police est alertée, s’engage alors une traque sans merci, le fugitif traversant la région, en stop, battant la campagne, partagé entre remord et questions existentielles.

Assez vite les médias s’emparent de l’affaire et le pays est en émoi. L’histoire du fugitif est sur toutes les lèvres et divise la société, entre psychose et volonté d'engagement, entre compassion et idées fascisantes. Car finalement on connaît mal l’auteur de BD, il pourrait très bien constituer une menace pour l’ensemble de la société.

Mon avis : L'absurde et moi, ça ne fait pas souvent bon ménage. C'est pourquoi je m'étais tenue éloignée de ce Zaï Zaï Zaï Zaï dont tout le monde disait tant de bien, jusqu'à ce qu'on me l'offre. Coincée, et tout de même intriguée, je l'ai lu, bien sûr.

J'avoue qu'il m'a fallu du temps pour entrer dans la lecture et enclencher le mode "second degré". La narration est si distancée que j'ai mal saisi de prime abord l'ironie des situations proposées. En général, je peux accepter l'absurde quand on commence par une situation des plus banales avant que cela ne dégénère. Là, l'auteur choisit de commencer directement par de l'inconcevable : pour un oubli de carte de fidélité, un auteur de BD, menaçant les vigiles d'un poireau, va prendre la fuite. Mais au fil des pages, je me suis prise à sourire, de plus en plus franchement. Notamment par les cassures de narration qui surprennent.

Planche Zaï Zaï Zaï Zaï de Fabcaro

Au-delà du propos simplement absurde qui peut amuser, derrière la dénonciation de nos habitudes quotidiennes de consommation, il y a une vraie dénonciation de la société : consommation à outrance, intolérance, posture et poids des médias et aussi la précarité des auteurs de bandes dessinées ! Ce bouillonnement extravagant et inutile trouve un opposé parfait dans le dessin assez figé que nous propose Fabcaro.

Une jolie découverte que je conseille à ceux qui n'auraient pas encore sauté le pas. Et je vous mets au défi de ressortir votre carte de fidélité sans tiquer la prochaine fois !

Zaï Zaï Zaï Zaï, de Fabcaro
Éditions 6 pieds sous terre
Mai 2015

Commentaires

  1. Ma carte de fidélité ? Bon sang, où est-elle ?!

    RépondreSupprimer
  2. Alex, j'en ai plein, je peux t'en donner!
    Bon, une BD que j'ai tellement adoré que j'ai dit, pas de billet, je la relirai!

    RépondreSupprimer
  3. C'est ma collègue qui me l'avait prêtée celle là. Moi j'avais peur de ne pas être convaincue par le dessin. Et j'avoue que ça m'a pris du temps pour goûter au propos de cette bd au ton décalé, un brin givrée... ^^
    Et comme tu dis après un temps, on goûte à l'humour, on sourit souvent et puis on se dit que le fond de l'histoire est pas mal, que la réflexion est là, bien pesée et posée.
    Et au final j'ai vraiment apprécié et c'est une bd à recommander effectivement.

    (j'ai pas mal de CF perdues :p )

    RépondreSupprimer
  4. @ Alex Mot-à-Mots : ça, on se le demande tous bien trop souvent :)

    @ keisha : ça s'est de l'enthousiasme !

    @ C'era : je pense que je la relirai pour plus de recul encore, ça doit gagner à savoir à quoi on se confronte pour apprécier pleinement l'humour. D'autant que je ne connaissais pas le style de l'auteur pour ma part.

    RépondreSupprimer
  5. tu as raison, ce n'est pas que drôle mais aussi très intelligent. J'ai adoré, à 200% :)

    RépondreSupprimer
  6. Pareil que toi. Derrière l'absurde de la BD, c'est l'absurde de notre société qui apparait en miroir.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Thérapie [Sebastian Fitzek]

La cité Abraxas

Le cheval pâle [Agatha Christie]