MAM Paris #6 : Raoul Dufy
Après Soutine le mois dernier, continuons l'exploration des collections du Musée d'Art Moderne de la ville de Paris avec trois tableaux signés Raoul Dufy. Ce peintre français né en juin 1877 au Havre et mort en mars 1953 à Forcalquier est en fait bien plus qu'un simple peintre, mais plutôt un touche à tout : il est aussi dessinateur, graveur, illustrateur de livres, céramiste, créateur de tissus, de tapisserie, de mobilier, décorateur d'intérieur...
Il expose pour la première fois en 1901 au Salon des Artistes français. Deux ans plus tard, il participe à une exposition de groupe dans la nouvelle galerie de Berthe Weill à Montmartre, où il exposera régulièrement les années suivantes. La même année, il participe au Salon des Indépendants. Il y est remarqué par la critique qui décèle « un coloriste de tempérament ». A cette occasion il rencontre Georges Braque, avec qui il participera en 1906, ainsi qu’avec Derain, Manguin, Matisse et d’autres, à l’exposition du cercle de l’art moderne organisée par Friesz au Havre.
Le jardin abandonné, Raoul Dufy - 1913 |
Le jardin abandonné, une huile sur toile datant de 1913, est une œuvre pivot dans sa carrière. Grâce à la leçon qu'a été pour lui la rétrospective Cézanne en 1907, et jusqu'alors influencé par le fauvisme et notamment les tableaux de Matisse, il va s'émanciper de la nature et le rapport à la réalité se fait plus lâche. Il s'intéresse aux lignes et aux volumes plus qu'aux motifs, rappelant le cubisme mais sans en accepter toute l'abstraction. Son style est donc presque installé : des couleurs franches déterminent des zones arbitraires et le dessin des éléments se superpose.
Courses à Epsom, Raoul Dufy - 1934 |
Dans Courses à Epsom la forme et la couleur ne coïncident jamais parfaitement, formant la patte Dufy si caractéristique. Il expliquait cette technique par un phénomène visuel qui l'avait frappé en voyant une fillette en robe rouge courir sur le port du Havre en 1926. L'impression colorée produite par la robe persistait en arrière du contour en mouvement de la fillette. Ainsi, la "forme-mouvement" et la "lumière-couleur" pouvaient très bien ne pas se superposer sur la toile. On voit donc de larges bandes de couleurs, en général trois, qui se superposent au dessin.
Régates, Raoul Dufy - 1935 |
Dans les années 30, Dufy découvre les compétitions sportives nautiques et décline cette thématique sur plusieurs toiles. Là encore, sa patte reste reconnaissable bien que les couleurs soient moins vives et qu'il n'y ait plus les larges bandes.
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