Exposition : Hyperréalisme, ceci est un corps



L’hyperréalisme est un courant artistique apparu dans les années 1960 aux États-Unis et dont les techniques sont explorées depuis lors par de nombreux artistes contemporains. L’exposition présente une série de sculptures qui ébranlent notre vision de l’art. Réalité, art ou copie ? L’artiste hyperréaliste tourne le dos à l’abstraction et cherche à atteindre une représentation minutieuse de la nature au point que les spectateurs se demandent parfois s’ils ont affaire au corps vivant. Cela est d'ailleurs très perturbant dès le tout début de l'exposition, quand œuvre et véritable être humain se confondent. Les œuvres génèrent effectivement une sensation d’étrangeté́, mais sont porteuses de sens. je vous avouerai que, si j'ai bien ressenti l'étrangeté le sens m'a parfois échappé.
 
Caroline, de Daniel Firman - 2014

 
American Icon, John DeAndrea - 2015

Le sous-titre de l’exposition fait référence à la célèbre œuvre de René Magritte « Ceci n’est pas une pipe », qui questionnait le rapport de l’art à la réalité. Certains artistes exposés s’efforcent de donner du corps humain à la représentation la plus fidèle et vivante possible tandis que d’autres, au contraire, questionnent la notion de réalité : nouvelles technologies, représentations populaires détournées, déformations… C'est l'évolution même du mouvement.
 
Two workers (détail), de Duane Hanson - 1993

 
Nude on couch (on her back), de George Segal - 1985

L'hyperréalisme en sculpture voit le jour dans les années 1960 en réaction à l'esthétique dominante de l'art abstrait. John DeAndrea et Duane Hanson sont les premiers à se tourner vers une représentation réaliste du corps. Pour cela, ils utilisent des techniques traditionnelles : modelage, moulage, peinture polychrome sur les surfaces... pour créer une illusion d'authenticité folle.
 
Merle, Mérelle, Faucon et tourterelle, de Fabien Mérelle - 2019

 
Venere Italica, de Fabio Viale - 2021

George Segal créé des représentations réalistes de l'humain mais utilise des couleurs monochromes qui d'un premier abord atténuent l'effet réaliste. Par contre, cela met l'accent sur les formes des corps. les sculptures de Fabien Mérelle, venu du monde du dessin, interrogent le rapport de l'Homme à la nature. Enfin, la splendide sculpture de Fabio Viale est époustouflante pour son travail du marbre qui donne une impression de légèreté vue de près, simulant le polystyrène.

General's twins, de Carole A. Feuerman - 2009-2011


L'exposition fait ensuite la part belle aux morceaux de corps. Cela permet de mettre en lumière la technicité, en atténuant l'impression de réalisme d'un corps entier. Pour autant, ces morceaux choisis sont parfois criants de vérité. Et peuvent aussi être l'occasion de message politique.

Untitled (Kneeling woman), de Sam Jinks - 2015

Woman and child, de Sam Jinks - 2010

Ordinary man, de Zharko Basheski  - 2009-2010



Puis nous entrons dans la partie de l'exposition qui joue sur la taille des œuvres : plus petites mais aux détails fabuleux ou plus grandes mais produisant un effet de distanciation. 

Cornered, de Marc Sijan - 2011



Enfin, l'exposition propose une interrogation sur notre compréhension de la réalité à travers des œuvres difformes, avant d'aller jusqu'aux nouvelles technologies qui désormais floutent complètement les frontières entre réalité et fiction.


Une exposition étonnante et questionnante, pas dénuée d'intérêt, qui m'a sortie de ma zone de confort.


Informations utiles :


Du 8 septembre 2022 au 5 mars 2023
De 10h30 à 18h30 tous les jours

Musée Maillol
59-61 rue de Grenelle
75007 Paris

Tarif : 16€
Tarif réduit : 12€

Site du musée Maillol ici

Commentaires

  1. Il y en a pour tous les gouts, tant mieux.

    RépondreSupprimer
  2. ça m'aurait plu ! Mais quand j'étais à Paris, c'était avec ma fille de 14 ans, et j'avais peur qu'elle soit déstabilisée... un peu trop...

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Thérapie [Sebastian Fitzek]

La cité Abraxas

Cézembre [Hélène Gestern]