Paris-Briançon [Philippe Besson]

J'ai commencé l'année 2023 en découvrant Philippe Besson avec Ceci n'est pas un fait divers. Je continue ma découverte de l'auteur avec son roman précédent Paris-Briançon.

L'histoire : Le temps d'une nuit à bord d'un train-couchettes, une dizaine de passagers, qui n'auraient jamais dû se rencontrer, font connaissance, sans se douter que certains n'arriveront jamais à destination. Un roman aussi captivant qu'émouvant, qui dit l'importance de l'instant et la fragilité de nos vies. Rien ne relie les passagers montés à bord du train de nuit no 5789. À la faveur d'un huis clos imposé, tandis qu'ils sillonnent des territoires endormis, ils sont une dizaine à nouer des liens, laissant l'intimité et la confiance naître, les mots s'échanger, et les secrets aussi. Derrière les apparences se révèlent des êtres vulnérables, victimes de maux ordinaires ou de la violence de l'époque, des voyageurs tentant d'échapper à leur solitude, leur routine ou leurs mensonges. Ils l'ignorent encore, mais à l'aube, certains auront trouvé la mort.

Mon avis : Prenant le prétexte d'un train de nuit pour provoquer un huis clos, Philippe Besson nous narre les tranches de vie de plusieurs personnages qui vont se croiser et se livrer. Le lecteur les découvre, s'attache à eux. Pourtant, dès le début, on sait que certains ne survivront pas à ce voyage. Mais le temps de ce trajet, certains vont oser une vérité qu'ils n'avaient jamais envisagée, qui pourrait les libérer du carcan sociétal. Besson a un talent de conteur pour dire la fatalité des destins. Je retrouve sa pudeur, déjà appréciée dans Ceci n'est pas un fait divers. Il fait preuve de beaucoup de délicatesse pour dire la diversité de situations de ses personnages, tous avec des fêlures profondes.

Ce roman flirte avec la réussite car, malgré toutes ces qualités, il manque un sens du drame réel, une vraie densité. Besson ne se défait pas d'un ton léger, de son attachement à conter les amourettes de ses personnages alors qu'à mon sens le drame se joue ailleurs. Est-ce sa pudeur justement qui l'empêche d'aller au fond des choses ? On reste trop en surface, j'aurais aimé aller plus loin dans la psychologie des personnages, comprendre leurs motivations. Le drame, annoncé dès les premières pages et qui devrait agir comme un catalyseur n'est en fait qu'un épiphénomène qui au final n'apporte vraiment rien à l'ensemble. Et c'est ce qui fait que malheureusement il ne restera pour moi pas grand chose une fois ce livre refermé.


Paris-Briançon, de Philippe Besson
Éditions Julliard pour Kindle
Janvier 2022

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
J'avais apprécié cette lecture, son atmosphère.

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