BD Express #42

Le cahier bleu, d'André Juillard

L'histoire : Les jours passèrent sans que je puisse me défaire de cette apparition. Chaque matin, chaque soir, j'interrogeais la fenêtre qui hélas, restait muette. Jusqu'au jour où la belle inconnue réapparut... Un beau visage pensif, encadré d'une tignasse ébouriffée... Chaque matin, chaque soir... Chaque soir, chaque matin, ça tournait à l'obsession... Fatalement, il fallait bien qu'un jour je fasse ce que je fis ce matin-là...

Mon avis : Dans la première moitié, on suit Louise, jeune femme habitant dans un appartement parisien faisant face au métro. Elle voit arriver dans sa vie deux hommes bien différents. La relation qu'elle tisse avec eux est au cœur du récit, comme un fil rouge. Dans la seconde moitié, on découvre que ces deux hommes se connaissent et que l'un d'eux a été tué. 

Un album qui a obtenu le prix à Angoulême il y a plusieurs années maintenant. Et cela ce sent, tant dans le sujet que dans la mise en scène qui sont clairement datés. Il manque un souffle à cet ensemble, un peu de profondeur, mais ça se lit tout de même sans déplaisir. 


Les contes de la ruelle, de Nie Jun

L'histoire : Dans un quartier paisible du vieux Pékin vivent Doubao, un grand-père facétieux et Yu'er, la petite fille qu'il a adoptée. Bien que paralysée des jambes, la fillette est gaie et pleine de vie.

Mon avis : Un album lu il y a longtemps que je n'avais pas su apprécier pleinement à l'époque. En le relisant des années plus tard, je comprends ce qui peut plaire. 

Il s'agit ici de quatre tranches de vie de Yu'er, petite fille boiteuse, qui vit avec son papi. Un vieil homme fatigué qui retrouve de l'énergie avec ce petit bout de fille pétillant. Il s'évertue à lui donner le sourire, met tout en œuvre pour lui faire vivre des aventures fantasmagoriques. La poésie et la magie sont toujours là, au bout de la ruelle où ils habitent.

Le dessin en aquarelle est splendide. Le format mêlant bande dessinée traditionnelle chinoise et album franco-belge est étonnant et savoureux. C'est sensible et délicat à souhait !



Girlfriends, de Sara Soler

L'histoire : Qu'est-ce qui change quand notre vie fait un virage à 180 ° ? Tout et... en même temps, rien. La vie continue. Pour Sara, tout semble s'effondrer quand l'amour de sa vie lui annonce que le genre qui lui a été attribué à la naissance ne correspond pas à son identité, qu'elle est et qu'elle se sent femme depuis toujours. Faut-il se séparer ? Faut-il continuer ? Si oui, Sara devient donc lesbienne ? Et que dire à la famille ? Aux amis ? Les questions se bousculent, mais après les premières craintes que ce tournant soudain ne mette fin à leur relation, Sara et Diana se rendent compte que leur amour est plus fort que les normes que la société leur impose, et que rien n'a changé entre elles. Désormais, elles vont, l'une comme l'autre, devoir sortir du placard et affronter le regard des autres. 

Mon avis : Un ouvrage témoignage d'une réalité, celle de la transidentité de la conjointe de l'autrice. C'est intéressant de comprendre les questionnements, les réflexions intimes et surtout les peurs et les joies inhérentes à un tel parcours, qui reste tout à fait unique. Toutes les expériences sont différentes, tout à fait personnelles et légitimes. Pour autant, on peut être sûr que chaque personne trans fait face à des commentaires déplacées, si ce n'est pas pire. Notre société n'est pas fluide et critique facilement tout ceux qui ne se comportent pas comme la norme. Cette norme est pourtant imposée par des stéréotypes de genre qui deviennent toxiques quand ils se font injonction ! Sara Soler donne ici de la visibilité sur ce que elle et sa compagne ont pu vivre mais aussi à une histoire d'amour qui défie les normes imposées par la société. C'est fait avec humour et pédagogie.  J'ai aimé le choix des couleurs, en bleu et rose, comme un pied de nez aux diktats.

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