Euh... Comment parler de la mort aux enfants ? [Delphine Horvilleur]

De Delphine Horvilleur, j'avais énormément aimé son essai Vivre avec nos morts. Etant moi-même en plein questionnement sur la façon de parler de la mort aux enfants, ce nouveau livre ne pouvait que me tenter.

L'histoire : « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. » La phrase qui conclut les contes réservés aux enfants élude une vérité évidente et douloureuse : les personnages vieilliront, perdront des gens qu’ils aiment, tomberont malades et mourront. Alors pourquoi le cacher ? Que dire à un enfant ou un adolescent qui se trouve démuni face à la perte ? Pour nous aider à trouver nos propres réponses d’adulte, Delphine Horvilleur puise dans les textes de la tradition, dans son expérience de rabbin qui accompagne des familles endeuillées, dans les rituels ancestraux ou contemporains, dans son expérience personnelle, et même l’observation de la nature.

Mon avis : Delphine Horvilleur le dit d'entrée, si vous voulez un guide pour savoir comment parler de la mort à vos enfants, passez votre chemin. Ici, il est davantage question de notre propre rapport à la mort et de ce qui nous empêche d'aborder sereinement et sans tabou ce sujet avec notre progéniture. Sa vision est philosophie plus que pragmatique.

On retrouve dans sa plume la finesse et la délicatesse de jugement de la rabbin, toute en bienveillance envers son prochain, sans pour autant être aveugle aux défauts inhérents à la condition humaine. Elle sait exposer ses idées et sa façon d'appréhender le monde à un lecteur de façon à ce que celui-ci soit réellement en position d'écoute et de réflexion. Ses propos sont parfois d'une étonnante évidence, mais réveillent en nous quelque chose d'enfoui profondément : par nos peurs, nos cultures, nos coutumes... 

Ce texte est donc beau et plein de qualités. Mais j'avoue une petite déception, celle d'avoir l'impression de lire une sorte de suite à Vivre avec nos morts, comme si elle n'avait pas tout dit sur ce premier essai. Il me manque ici ce lien avec l'enfance, à part sur les premières pages qui insistent sur la nécessité de parler juste, sans fioriture, au jeune public bien plus à même de comprendre que ce qu'on imagine. La dénomination de chaque chapitre en formule enfantine n'est que poudre aux yeux et ne règle pas ce manque. J'aurais aimé que tous les chapitres abordent la vision des jeunes de la mort, et comment les adultes tentent d'y échapper eux-mêmes, d'échapper à leur propre douleur, sous prétexte de protéger leurs enfants. Tout cet aspect semble traité dès le début du roman, pour ne plus vraiment y revenir.


"La vie n'est pas ce qui s'oppose à la mort, mais c'est ce qui inclut la mort en elle, et ce qui compose avec elle" (p°34)


Euh...Comment parler de la mort aux enfants ? , de Delphine Horvilleur
Éditions Bayard / Grasset
Avril 2025

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