La soif primordiale [Pablo de Santis]


L'auteur : Pablo de Santis est un écrivain argentin, romancier et scénariste pour la jeunesse, né en 1963

L'histoire : Dans la Buenos Aires des années 50, à l'ombre de la dictature, Santiago, un jeune provincial réparateur de machines à écrire, se retrouve, par hasard, responsable de la rubrique ésotérique du journal où il travaille et informateur du ministère de l'Occulte, organisme officiel chargé de la recherche sur ces thèmes et les vérités qu'ils recouvrent.
Malgré son scepticisme à l'égard du surnaturel, Santiago assiste à une rencontre de spécialistes des superstitions, y est témoin d'un meurtre et mis en contact avec "les antiquaires", des êtres extraordinaires qui vivent dans la pénombre entourés d'objets anciens, vendent de vieux livres et sont la proie d'une soif primordiale, celle du sang.
Le hasard ou le destin, mais surtout un étrange amour, puissant et troublant, amènera Santiago à ne plus résister à cette soif et il devra alors chercher à survivre, peut-être pour  l'éternité, dans un monde hostile.

Mon avis : Il ne sert à rien de nier. Ce qui m’a attirée dans ce livre, c’est l’idée du mythe du vampire revisité, à la sauce argentine, et bien loin de la figure romantico-niaise de Twilight. Ici, le vampire, appelé antiquaire, évolue en milieu urbain, dans la Buenos Aires des années 50, alors que la dictature sévit. Le lecteur oscille entre la lumière éclatante du soleil qui répand sa chaleur et les ombres nécessaires aux déplacements furtifs, aux actions douteuses d’une communauté qui veut rester secrète.
A la suite du décès d’un de ses collègues de travail, Santiago devient journaliste en charge de la chronique de l’occulte. Il n’y croit guère, jusqu’à ce qu’il soit confronté à un antiquaire. Et qu’il en devienne un. Commence pour lui une nouvelle vie. Et la soif, qui apparaît. Mais qu’il ne faut pas étancher. Une fiole permet de lutter.
L’atmosphère est un peu désuète, du mystère dans le dédale des rues de la ville, un mystérieux livre, l’Ars Amandi, qui apporterait la solution pour qu’un antiquaire puisse vivre son amour… On retrouve un peu de l’ambiance de l’Ombre du vent de Zafon. Est-ce du à une plume typiquement espagnole ? Ou au fait que le personnage principal vive dans une librairie au milieu d’ouvrages poussiéreux ?
La réalité fait parfois son apparition. Ainsi le lecteur est-il confronté à la torture que le commissaire Farías fait subir à ceux qu’il veut faire parler, en les amenant dans un cirque. Ou encore à l’invention d’une machine, construite autour d’un tour de dentiste, et qui change les lignes de la main, le patient se tordant de douleur ligoté sur la chaise. N'oublions pas que nous sommes en pleine dictature de Peron. Mais ce ne sont ici que de brefs rappels. Tout le reste du roman évolue dans une sorte de nébuleuse poussiéreuse correspondant assez aux états d’âme de Santiago. Il se débat dans les mœurs des antiquaires dont il ne connaît rien et apprend petit à petit. Il découvre le monde qui est désormais le sien. Et il découvre surtout qu’il ne pourra jamais vivre la vie qu’il souhaitait : ni le métier, ni l’amour d’une jeune fille, promise à une autre, et que son changement de communauté lui interdit à jamais.
C’est plus un roman d’ambiance que d’histoire que nous propose ici Pablo de Santis. Un roman agréable, lent, dans lequel il faut accepter de se laisser porter. J’ai apprécié cette pause lecture.

Merci aux éditions Métailié et à Newsbook.

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Des vampires ? Quelque soit la sauce, je ne les digère pas.
Manu a dit…
Tu m'intrigues. Mais je n'arrive pas à me dire si ça pourrait me plaire ou pas.
Ton billet est très tentant ! je le note par curiosité !
Candice a dit…
Bonjour
J'ai eu l'idée de mettre en place un nouveau rendez-vous sur mon blog : "La tentation du week-end".

Le concept : Toute la semaine, jusqu'au samedi 18 heures, les bloggeurs souhaitant participer devront m'envoyer par mail le lien vers une de leurs chroniques (attention, cette chronique devra obligatoirement avoir été écrite dans la semaine !) Cette chronique devra obligatoirement contenir : les informations principales du livre, le résumé (de votre création), votre avis, l’image de couverture, et au choix, un élément convaincant : soit un passage du livre qui vous a particulièrement plu, soit une création de votre choix (photo, vidéo… tout est permis !) qui retranscrira par exemple l’atmosphère du livre, ou le thème principal… Le choix est vaste ! Le but : me tenter. En effet, je choisirai la chronique qui m'aura le plus convaincue, et je la publierai sur mon blog le samedi soir ou le dimanche matin.

Cet évènement a débuté dimanche, vous avez donc jusqu’à samedi inclus pour m’envoyer votre participation

N’hésite pas à te rendre sur mon blog pour en savoir plus et/ou y participer !

Merci d'avance
dasola a dit…
Bonsoir Petite Fleur, j'ai trouvé que ce roman demandait pas mal d'attention. Ce n'est pas facile d'en rendre compte mais vu le sujet, on s'en souvient (rien que l'épingle d'or). http://dasola.canalblog.com/archives/2012/07/07/24640843.html Bonne soirée.

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