Big eyes, de Tim Burton

Film américano-canadien de Tim Burton, sorti le 18 mars 2015, avec Amy Adams et Christoph Waltz.

L'histoire :  Big eyes raconte la scandaleuse histoire vraie de l’une des plus grandes impostures de l’histoire de l’art. À la fin des années 50 et au début des années 60, le peintre Walter Keane a connu un succès phénoménal et révolutionné le commerce de l’art grâce à ses énigmatiques tableaux représentant des enfants malheureux aux yeux immenses. La surprenante et choquante vérité a cependant fini par éclater : ces toiles n’avaient pas été peintes par Walter mais par sa femme, Margaret. L’extraordinaire mensonge des Keane a réussi à duper le monde entier. Le film se concentre sur l’éveil artistique de Margaret, le succès phénoménal de ses tableaux et sa relation tumultueuse avec son mari, qui a connu la gloire en s’attribuant tout le mérite de son travail. 

Mon avis : Une après-midi disponible, une envie d'aller au ciné, et mon choix s'est porté sur le tout dernier Tim Burton. Autant j'ai pu adoré des films de ce réalisateur, comme Beetlejuice, Batman ou Sleepy Hollow, autant d'autres de ses films comme Charlie et la chocolaterie ou Dark shadows ont été une grosse déception. Au point que je me suis quelque peu tenue éloignée de ses réalisations. L'occasion, donc ici, de se redécouvrir, en évitant la dose massive de maquillage qu'il a tendance à aimer appliquer sur ses acteurs.

Commençons par l'histoire, que je ne connaissais pas. Elle est assez révélatrice de l'évolution de la société et de la place de la femme. Même si du chemin reste à parcourir, il est évident que dans les années 50 l'existence d'une femme était réduite à ses trois étapes : enfant, femme puis mère. Rien d'autre. Margaret peint comme pour y trouver un refuge. Son premier mariage est un échec, elle prend sa fille et s'enfuit. C'est déjà terriblement courageux à cette époque. Mais elle tombe dans les mains de Walter Keane qui lui propose son aide au moment où elle est la plus fragile. En échange, il lui volera son succès de peintre lorsque les "big eyes", ces tableaux d'enfants aux yeux immenses qui mangent tout le visage, vont se faire connaître. Une histoire vraie intéressante donc, mais y a-t-il vraiment là matière à faire un film ?

L'interprétation et la réalisation ne le justifient pas en tout cas. J'avoue que le sourire de Christoph Waltz a eu le don de me crisper dès qu'il apparaissait à l'écran. Fait exprès ou pas, en tout cas le personnage de Walter est tout de suite fortement antipathique. À côté, Amy Adams est filmée avec beaucoup trop de complaisance. Et on se retrouve avec une mise en scène simpliste ou l'escroc au sourire ravageur affronte la pauvre petite femme emprisonnée dans le mensonge. Si j'étais contente de pouvoir découvrir un film pour une fois sans trop de noirceur et de maquillage, on est au final bien loin de l'univers de Burton et c'est dommage. À vouloir faire autre chose et sortir de ses éternelles réalisations, il se perd. Le spectateur attend inutilement la touche burtonnienne qui viendrait éveiller un peu ce film, en vain.

À côté, la place de la femme n'est qu'illustrée sans être davantage creusée. Et la question artistique est totalement laissée de côté : le succès suffit-il à distinguer l'art ? Les "big eyes" ont connu plus de succès par l'exploitation marketing qui en a été faite (poster, cartes) que par la qualité des tableaux peints par Margaret. Et je me demande si l'escroc ne serait pas Tim Burton lui-même, qui me semble à bout de souffle créateur...

Commentaires

maggie a dit…
Je n'aime que les films d'animation de burton. Celui-ci me tentait mais les critiques que tu énonces me dissuadent d'aller le voir
La chèvre grise a dit…
@ maggie : j'aime beaucoup ses films d'animation. Et quelques autres aussi : Batman, Sleepy Hollow, Sweeney Todd. Il faudrait qu'il trouve à se renouveler sans perdre sa personnalité. Compliqué.
Loesha a dit…
Vu et déçue. Marre des films hyper manichéens sans reliefs ni nuances... Seul point positif, j'aurai découvert un artiste (qui n'a pas vraiment laissé de traces en histoire de l'art). Mais maintenant je suis toute énervée grrrr !
La chèvre grise a dit…
@ Loesha : oui, clairement marre. Après, les œuvres de l'artiste sont connues. En tout cas, ça me disait quelque chose. Vu tout le merchandising fait autour, en même temps...

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