Le restaurant de l'amour retrouvé [Ito Ogawa]

L'auteur : Née en 1973 au Japon, Ito Ogawa est connue pour ses paroles de chansons et ses livres pour enfants. Le restaurant de l'amour retrouvé est son premier roman et a été adapté au cinéma.

L'histoire : Une jeune femme de vingt-cinq ans perd la voix à la suite d'un chagrin d'amour, revient malgré elle chez sa mère, figure fantasque vivant avec un cochon apprivoisé, et découvre ses dons insoupçonnés dans l'art de rendre les gens heureux en cuisinant pour eux des plats médités et préparés comme une prière.

Rinco cueille des grenades juchée sur un arbre, visite un champ de navets enfouis sous la neige, et invente pour ses convives des plats uniques qui se préparent et se dégustent dans la lenteur  en réveillant leurs émotions enfouis.

Mon avis : Vous aimez les bons petits plats mais n'êtes pas pour autant fan de littérature culinaire ? Ne fuyez pas, ce roman a tout de même tout ce qu'il faut pour vous plaire !

Après une déception amoureuse cruelle, puisque son petit ami l'a quittée sans explication et en emportant tout ce qui était dans l'appartement, Rinco va retourner chez sa mère vivre son rêve d'enfant : avoir son propre restaurant. C'est grâce à la cuisine qu'elle va renouer avec la vie, en mettant tellement d'amour dans ses préparations qu'elle change la vie de ses clients, comme une sorte de fée bienveillante.

On assiste bien sûr à l'élaboration des repas : menu, choix des ingrédients, cueillette parfois, préparation, cuisson, service. Tout cela fait qu'on déguste autant les mots que les mets. Mais surtout, c'est la galerie des personnages secondaires, dépeints avec délicatesse, qui est fascinante : chaque personnage qui franchit le seuil du restaurant raconte à Rinco son histoire et son drame intime qui le conduit ici : deuil infini, espoir d'un amour tout neuf, séparation d'avec un parent devenu gâteux, mariage arrangé... Elle arrive à tout simplifier par la subtilité de sa cuisine, elle pourtant qui entretient une relation plus que compliquée avec sa propre mère, faite de non-dits, qui ne se lèveront qu'à la toute fin.

C'est un roman feel-good à l'asiatique, plein de poésie et de bienveillance, cherchant dans chaque être humain le meilleur sans s'attarder sur les mauvais côtés, le tout sans aucune mièvrerie. Un roman qui apaise et invite à se laisser happer par la vie. Un grand merci à Loesha pour ce cadeau qui fut une très belle surprise.

"Mes souvenirs les plus chers, je les range bien à l'abri dans mon cœur, et je ferme la porte à clé. Pour que personne ne me les vole. Pour les empêcher de se faner à la lumière du soleil. pour éviter que les intempéries ne les abîment." (p°234)

Le restaurant de l'amour retrouvé, de Ito Ogawa
Traduit par Myriam Dartois-Ako
Éditions Philippe Piquier
Janvier 2015

Commentaires

Anonyme a dit…
J'en garde un bon souvenir
Alex Mot-à-Mots a dit…
Un joli cadeau comme un gâteau.
La chèvre grise a dit…
@ Anonyme : quelques semaines après, il continue aussi à me laisser un bon souvenir.

@ Alex Mot-à-mots : oui, à ceci près qu'il reste visible sur mes étagères après dégustation :)
Bibliblogueuse a dit…
Je suis contente que tu aies apprécié ce roman mais je ne partage pas ton avis. Moi je l'ai trouvé très mièvre. Certains passages, comme l'explication de la conception de Rinco par sa mère sont ahurissants de ce point de vue. Cela dit, la plume est agréable, mais je préfère largement d'autres auteurs japonais qui tout en étant très délicats, ne cèdent pas au côté fleur bleue.
Merci pour ton avis.
J'ai beaucoup aimé aussi cette lecture
Vu de l'extérieur ou pourrait penser que le récit est un peu "trop".
Il ne l'est pas il est délicat, subtil et sensible
La chèvre grise a dit…
@ Bibliblogueuse : Je t'avoue que le passage que tu cites ne m'a pas marqué. J'y ai plus vu du feel-good à la mode asiatique qu'une forme de mièvrerie. C'est sur qu'il est plus "rond" que d'autres romans japonais.

@ Christ_OFF : j'ai eu la même crainte, d'autant qu'il m'avait été offert avec un manga qui lui était mièvre :)

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