Exposition : Daimyo, seigneurs de la guerre au Japon
L’exposition se déroule sur trois lieux, avec un même billet d’entrée. Vous pouvez commencer par celui que vous voulez, mais il est conseillé de débuter par l’hôtel d’Heidelbach, 19 avenue d’Iena, soit tout à côté du musée Guimet. C’est là que vous aurez toutes les explications. J’ai préféré en prendre directement plein les yeux et commencer avec la rotonde du musée Guimet qui ne présente « que » onze armures de daimyo, mais des plus somptueuses. Enfin, vous pourrez terminer avec le palais de Tokyo, en sachant que l’expérience proposée est très différente. Pour ma part, je n’y ai pas du tout été réceptive. Au total, ce sont 33 armures qui sont présentées sur ces trois sites, ainsi que de nombreux éléments de contexte.
Le shogun (général), le mikado (empereur), ou encore le samourai (militaire) sont des termes plus connus en France que le daimyo. Les daimyo sont de puissants gouverneurs provinciaux issus de la classe militaire qui régnaient au Japon entre le XIIe et le XIXe siècle et tenaient les fiefs. À ce titre, ils s’inscrivent pleinement dans le système de gouvernement territorial : le shogunat. Ils connaissent leur apogée au XVIe siècle, mais couvrent plus largement une histoire allant de l’époque Muromachi à la fin de l’époque d’Edo. C’est la période des « royaumes combattants ». Le shogunat se termine dans l’ère Meiji : les anciens fiefs sont abolis, le port du sabre est interdit. Aujourd’hui, le découpage des préfectures correspondent à peu près aux fiefs de l’époque.
Pour rappel et parce que je me pose toujours la question, une petite frise chronologique :
790-1185 : époque de Heian
1185-1336 : époque de Kamakura
1336-1573 : époque de Muromachi
1573-1603 : époque de Momoyama
1603-1868 : époque d’Edo
1868-1912 : ère Meiji
1912-1925 : ère Taisho
Au XVIe siècle donc, les daimyo sont presque indépendants du pouvoir central sur fond de combats permanents. Plus de 200 chefs de domaine possèdent ce titre, en fonction de leurs revenus calculés en boisseaux de riz (koku). Une hiérarchie entre les daimyo est établie en fonction de ralliements et de liens de famille, notamment avec le shogun.
Au XVIIIe siècle, le développement de la classe marchande et des grandes villes va les affaiblir. D’autant que le train de vie qui leur est imposé est couteux : ils doivent résider à la capitale Edo pour assurer le sankin kotai (rotation de service), tout en gérant leurs terres et maintenant leur suite (palanquins, gardes, serviteurs) et leur maisonnée qui peut être très nombreuse.
Exposition Daimyo - Carquois à décor de feuilles de bambou nain et d'armoiries en bois, laque noire, laque d'or et d'argent et cuir & chanfrein en forme de tête de dragon en cuir laqué or et papier |
Exposition Daimyo - Demi-masque en fer, laque et soie, représentant Karura, ennemi des dragons et des serpents qu'il dévore. |
Exposition Daimyo - Somen en fer, laque et soie, constitué de trois parties détachables assemblées par pitons et par charnières |
Première étape, donc, à l’hôtel d’Heidelbach.
L’armure transforme le simple homme en guerrier. Et plus qu’un simple guerrier, le daimyo était un seigneur. Son costume encore plus somptueux l’aide à poser son niveau social et flirter avec les dieux mythiques. De fait, les armures ici présentées n’ont que peu servies sur des champs de bataille. Les casques par exemple, magnifiques certes, sont peu pratiques. Surtout lorsque les armes à feu apparaissent.
Passons à l’exposition des onze armures au musée Guimet. Le visiteur y comprend clairement l’impact recherché : luxe et magnificence sont les mots clés, qui mènent à des prouesses techniques de la part des artisans, pour montrer la puissance et la richesse des seigneurs.
Les parures étaient toujours présentées assises, sur un coffre, dans la grande salle de réception, l’ohiroma. Elles représentaient la présence du maître même en son absence.
Puis, l’exposition se termine au Palais de Tokyo, où sont exposés des armures et emblèmes mis en abyme par le regard de l’artiste George Henry Longly. Dans la salle, huit armures, des bannières et des fourreaux de lances sont exposés. On notera que la lumière, différemment dirigée et plus crue, permet au visiteur de mieux voir les détails des armures. En dehors de ça, je n’ai pas compris ce qui était proposé, ni même ressenti quoi que ce soit. Un panneau à l’entrée de la salle annonce que l’artiste modifie constamment notre perception de l’espace et des objets historiques. Il nous invite à une expérience sensorielle en exposant sculptures, images et visiteurs à des tensions et distorsions. Je vous laisserai vous faire votre propre opinion.
Encore une belle exposition du musée Guimet donc. J’aurais aimé en savoir davantage sur le rôle du daimyo lors des affrontements militaires ou encore dans leur vie au quotidien, au-delà de l’armure. Il n’empêche que les pièces présentées sont fascinantes et qu’on passerait des heures à les contempler. Attention au temps qui passe d’ailleurs, d’autant que le découpage sur trois lieux différents et les déplacements nécessaires font perdre du temps. Et que je n'ai pas du tout compris l'intérêt de cette répartition sur Guimet et l'hôtel d’Heidelbach, qui n'apporte absolument rien.
Informations utiles :
Du 16 février au 13 mai 2018
Tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h
Musée national des arts asiatiques - Guimet
6 place d'Iéna
75116 Paris
Tel : 01.56.52.54.44
Tarif : 11.50€
Tarif réduit : 7€
Site du musée Guimet ici
Nos blogs sont en communion dis donc !
RépondreSupprimerMoi j'aurais bien aimé voir des représentations de personnes portant ce genre de barda. J'ai acheté le beaux arts magazine sur le sujet et il y en a, mais c'est vrai que cela reste très étonnant.
@ nathalie : oui ! Quand tu twittais tes photos, je préparais mon billet :) C'est vrai que ça manquait un peu de représentation, je n'y avais pas pensé. Peut être parce que les armures complètes, telles qu'elles sont présentées, donnent vraiment l'impression d'être habitées.
RépondreSupprimerIl y a en effet de très belles choses à voir dans cette expo. Je l'ai trouvée cependant très peu didactique : les encarts explicatifs sont disposés un peu n'importe comment et on en apprend peu sur par exemple les différentes pièces de l'armure, leurs fonctions, la symbolique (des couleurs, des formes...). Certains casques aujourd'hui et ici paraissent particulièrement ridicules : il est clair que nous n'avons pas le même sens de l'effrayant. Enfin, je n'ai pas été du tout convaincue par la mise en place au palais de Tokyo qui m'a semblé être terriblement vide conceptuellement parlant...
RépondreSupprimer@ Sandrine : effectivement, je suis passée moi aussi complètement à côté de la partie au palais de Tokyo. C'est dommage parce que c'était une belle occasion de s'initier à l'art contemporain sur une thématique qui intéresse. Quant à la didactique, là aussi je te rejoins : ça manquait d'explications, de remises en contexte...
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