Midsommar, de Ari Aster

Film américain de Ari Aster, sorti le 31 juillet 2019, avec Florence Pugh, Jack Reynor et William Jackson Harper.

L'histoire : Dani et Christian sont sur le point de se séparer quand la famille de Dani est touchée par une tragédie. Attristé par le deuil de la jeune femme, Christian ne peut se résoudre à la laisser seule et l’emmène avec lui et ses amis à un festival estival qui n’a lieu qu'une fois tous les 90 ans et se déroule dans un village suédois isolé.
Mais ce qui commence comme des vacances insouciantes dans un pays où le soleil ne se couche pas va vite prendre une tournure beaucoup plus sinistre et inquiétante.

Mon avis : Ari Aster propose la description d’une secte par le biais d’une étude anthropologique, alors que son personnage principal, Dani, s’offre une renaissance via un trip cauchemardesque bercé par les substances illicites. Le scénario est prévisible, et les personnages globalement de vrais abrutis. A quand un réalisateur qui propose des personnages de film d’horreur qui ne se comportent pas comme des crétins ? (Du genre, je jette la carte alors que je suis perdue dans les bois). Une exception cependant, celle de Dani, magnifiquement joué par Florence Pugh, décidément à suivre après son travail dans la mini-série The little drummer girl et le film The young lady de William Oldroyd. Elle joue une belle palette d’émotions sans jamais tomber dans l’exagération, allant jusqu’à créer une opposition féministe avec les hommes qui l’entourent, tous lâches, manipulateurs ou idiots finis.

Les critiques parlent de scènes choc marquantes, je ne vois pas où. Alors oui, certaines scènes peuvent choquer dans l’absolu, sauf qu’on les voit tellement venir que le choc n’est plus. La description des coutumes, rappelons que ce festival a lieu tous les 90 ans seulement (il y a d’ailleurs des incohérences scénaristiques à ce propos), instaurent une longueur qui permet à la tension de monter crescendo. Et si les touches d’humour assez pince-sans-rire sont bien trouvées, elles font forcément retomber cette tension. La bande son aide cependant à vite retrouver l’ambiance malsaine à souhait.

En fait, le problème de ce film c’est qu’il ne va pas assez loin dans le délire. Souvent, les réalisateurs proposent quelque chose d’immédiatement compréhensible. Plus rarement, certains proposent quelque chose de beaucoup plus personnel, inventif, mais il faut accepter d’entrer dans l’univers, se laisser porter, lâcher prise. En tant que spectateur, on y arrive, ou pas. Personnellement, j’ai souvent du mal mais les rares fois où j’y arrive, c’est une expérience à part entière. Je repense toujours à Tree of life, qui m’a laissée en larmes. Ici, on sent que Ari Aster tente de faire une proposition originale d’un film trash, en se jouant des codes (sursaut, premier degré, effusion de sang…) mais c’est comme s’il se retenait de proposer au spectateur quelque chose de plus intime et dérangeant, restant alors à la surface. Un peu frustrant en fait.



Là où le film n’est pas clivant, c’est sur sa réussite esthétique. C’est beau : le cadre trouvé, les couleurs, la mise en scène, le souci du détail dans le décor ou la lumière… tout est pensé avec soin et d’une précision folle. Le site d’Harga est un véritable enfer dans un décor paradisiaque.

Bref, un film à voir pour la proposition originale, l’esthétique aux petits oignons et la performance d'une actrice à suivre.

Commentaires

Mariejuliet a dit…
Alors les film d'horreur, j'évite souvent, j'ai trop peur.
Là le mélange à l'air très bizarre, je passerai mon chemin.
La chèvre grise a dit…
@ MJ : très bizarre oui :)

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