Amour et amitié [Jane Austen]

Voici presque dix ans que je n'avais pas lu de Jane Austen, lors de ma lecture du dernier de ses six romans majeurs avec Northanger Abbey. Il était donc largement temps d'enfin découvrir un écrit plus mineur issu des Juvenilia.

L'histoire : "De tous les talents ordinairement en possession de mon sexe j'étais la maîtresse. Au couvent, mes progrès avaient toujours été plus grands que ne le permettait l'instruction reçue, les connaissances dont je disposais étonnaient chez quelqu'un de mon âge, et je surpassai bientôt mes maîtres.
Toutes les vertus susceptibles d'orner un esprit se retrouvaient dans le mien. Il était le lieu de rencontre de toutes les qualités et de tous les sentiments élevés.
Mon seul défaut, s'il mérite ce nom, était de posséder une sensibilité trop vive, prompte à s'émouvoir de toutes les afflictions de mes amis, des personnes de ma connaissance, et plus encore des miennes."

Mon avis : Voici donc un court récit épistolaire de Jane Austen, qui fait partie des Juvenilia, c’est-à-dire les récits de jeunesse de l’auteur.

Si on retrouve ici son talent pour décrire des situations, il y a un manque de finesse et d’équilibre dans le tableau d’ensemble qui est posé. Le ton sarcastique et très caustique est tout le temps présent. On sent que tout doit se comprendre à l’inverse de ce qui est écrit. Sur les soixante-quinze pages qui forment les quinze lettres écrites par Laura à Marianne, il n’y a rien qui vient contrebalancer le caractère égocentrique et les viles manières de celle qui tient la plume. Tout est dans l’excès et les personnages brossés sont caricaturaux. On ne voit que des défauts et aucune sympathie pour Laura ou sa compagne.

C’est aussi, comme nous l’explique très bien la préface, dû à l’exercice de style auquel se livre Jane Austen ici, celui de la parodie d’un récit romanesque de l’époque, où tout est excès, absurdité et ridicules dans les situations et les décisions des personnages. Alors, avec le recul, le lecteur prend conscience du talent de l’écrivaine, qui n’a pourtant que quinze ans à l’époque. Elle porte déjà sur la société qui l’entoure un regard acéré et juste. Et on s’étonne de la liberté de ton qui est déjà la sienne à cette époque.

Merci aux éditions Folio pour le partenariat !

Amour et amitié, de Jane Austen
Éditions Folio
Octobre 2019

Commentaires

Anonyme a dit…
Lu, forcément, mais aucun souvenir...keisha
Alex Mot-à-Mots a dit…
Un exercice de style qui ne t'a donc pas convaincu.
La chèvre grise a dit…
@ Keisha : j'avoue ne pas avoir lu les Juvenilia. Et je ne suis pas convaincue par ce titre-ci d'avoir très envie de les lire.

@ Alex Mot-à-mots : c'est toujours compliqué de passer des oeuvres majeures d'un auteur qu'on apprécie beaucoup à ses oeuvres mineures et moins abouties. J'avoue ne pas avoir très envie de découvrir les Juvenilia de Jane Austen, même si on y voit déjà poindre beaucoup de qualités.
Grominou a dit…
J'ai lu une autre de ses œuvres de jeunesse, là aussi roman épistolaire: Lady Susan, c'était sympa mais assez caricatural, et la fin était bâclée. Du coup, je préfère m'en tenir à ses romans principaux, quitte à les relire quand je serai trop en manque d'Austen!
La chèvre grise a dit…
@ Grominou : pour "Lady Susan", j'ai vu le film "Love and Friendship" (croisement des titres qui nous perd) que j'avais bien aimé. Mais "Lady Susan" est déjà plus vieux que les Juvenilia et n'en fait pas partie.
Lilly a dit…
J'ai lu les Juvenilia, et il me semble avoir apprécié plus ou moins les textes qui les composent, mais je n'en ai aucun souvenir... En revanche, je relis régulièrement "Persuasion" et je voudrais en faire autant avec d'autres de ses romans.

N'y a-t-il pas une récente adaptation d'Amour et Amitié d'ailleurs ?

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