Familistère de Guise

Après avoir découvert l'existence du Familistère de Guise dans De briques et de sang de Hautière et François, j'ai eu envie de visiter cet établissement et toute l'idéologie qui l'accompagne. Direction donc Guise dans l'Aisne.

Pavillon central du Familistère

Aile droite du Familistère, en réaménagement pour accueillir hôtel de luxe et auberge de jeunesse

Voulu par Jean-Baptiste André Godin sur le modèle du phalanstère de Charles Fourier, le familistère est un établissement où plusieurs familles ou individus vivent en communauté, trouvant ce qui leur est nécessaire dans des magasins coopératifs. Construit de 1859 à 1884, à proximité de l'usine de poêles en fonte, il s'agit d'une cité de 2 000 habitants, qui est aussi une expérimentation sociale du monde industrialisé. Utopie qui fonctionna jusqu'en 1968 sous le régime d'une association coopérative du capital et du travail, l'objectif était de proposer aux ouvriers de ses usines un hébergement et tout ce qui était nécessaire à une vie sur place : scolarisation pour les enfants, jardins potagers, magasins, présence d'un médecin... bref, divers équipements de service.

Maquette du familistère

Comme le montre la maquette ci-dessus, le site est très étendu. Au fond, l'usine, toujours en activité. A gauche, le jardin d'agrément construit en 1856 pour la promenade. En se rapprochant, on peut voir sur la gauche la buanderie-piscine, le palais social avec ses deux ailes (l'aile gauche accueillant entre autre l'appartement du fondateur) et les jardins avec le kiosque à musique. Sur la droite, on distingue les économats, permettant de supprimer les intermédiaires commerciaux pour approvisionner les ouvriers et leur famille au meilleur prix, et le théâtre en face du pavillon central qui servait aussi d'école.

Buanderie piscine du familistère
La buanderie-piscine a été construite en 1870 à proximité de la fonderie pour bénéficier à moindre frais d'une eau chaude pour pouvoir laver le linge, se laver soi-même et apprendre à nager grâce à un ingénieux plancher mobile qui peut limiter le niveau d'eau en fonction du niveau des nageurs. Ce bâtiment est un atelier d'hygiène et de santé physique.

Pavillon central

Cour intérieure du pavillon central du familistère
Le pavillon central a une capacité de 150 appartements à son achèvement en 1864. La cour est le lieu des rassemblements et fêtes. Aujourd'hui, il est pour partie encore habité et pour partie musée qui permet de découvrir les anciens logements et surtout une coupe grandeur nature du bâtiment qui montre l'ingéniosité dont il a fallu faire preuve pour garantir une égalité de traitement. En effet, c'est jusqu'à la taille des fenêtres qui est réfléchie, celle-ci étant plus réduite au fur et à mesure qu'on monte dans les étages pour garantir le même niveau de luminosité.

Reconstitution d'une chambre d'appartement du familistère

Reconstitution d'un salon d'appartement du familistère
Reconstitution d'une chambre d'appartement du familistère
Il s'agit pour Godin de garantir les "équivalents de la richesse" à tous ses travailleurs. Ceux-ci pourront par la collaboration s'offrir des conditions de confort et de salubrité jusque là inédite pour eux. Électricité, accès à l'eau courante à chaque étage, air pur... mais aussi entretien du corps et de l'esprit. L'école est obligatoire pour tous les enfants. Un système de protection sociale est mis en place par l'instauration de caisses de secours qui garantissent salaire en cas de problème et retraite. Les travailleurs participent à la gestion et aux décisions, devenant propriétaires de l'usine et du Palais social.

Cuisinière Godin

Poêle Godin

Les guerres mondiales et les crises vont être des coups durs dont le familistère aura du mal à se relever : usine partiellement détruite, modèles pillés, population en décroissance, apparition d'un marché fortement concurrentiel qui cristallise les conflits entre les dirigeants et les ouvriers... L'association coopérative du capital et du travail est dissoute en juin 1968. Les services collectifs disparaissent, la société est intégrée au groupe Le Creuset qui vend les appartements et tous les bâtiments autres que les unités de production. Les habitations sont repris en copropriété et d'anciens Familistériens continuent d'y vivre. En 2000, le projet Utopia vise à réhabiliter l'ensemble : ouverture du musée, rénovation des appartements, relance de la dimension sociale du Palais social.

Une visite passionnante que je vous conseille fortement !


Informations utiles :

tous les jours de 10h à 18h, du 1er mars au 31 octobre.
tous les jours de 10h à 18h sauf le lundi, du 1er novembre au 29 février.

Le Familistère de Guise, Place du Familistère, 02120 Guise
Tel : 03 23 61 35 36

Tarif : 9€
Site du Familistère : ici

Commentaires

XL a dit…
je l'avais étudié en histoire de l'art et la BD m'a redonné envie de le découvrir, merci à toi on s'y croirait presque, il faut que j'aille le voir, belle fin de semaine
La chèvre grise a dit…
@ XL : Comme je le dis, je l'ai découvert dans la BD. J'aurais adoré l'étudier ! En tout cas je te conseille la visite qui vaut le coup.
Alex Mot-à-Mots a dit…
C'était une bien belle idée que ces familistères, trop peu nombreux.
dasola a dit…
Bonsoir La chèvre grise, une visite passionnante en effet que nous avons faite, mon ami et moi, en 2014. J'ai même acheté un petit poêle Godin. Bonne fin d'après-midi.
La chèvre grise a dit…
@ Alex Mot-à-mots : oui, mais en même temps si quasi tous ont disparu (dans la même veine il doit juste rester les kiboutz), c'est qu'il y a une raison intrinsèquement humaine je pense. Et c'est dommage.

@ Dasola : eh eh, oui il y a de très beaux poêles et des cocottes aussi.

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