BD express #27

Quatorze Juillet, de Martin Quenehen et Bastien Vivès

L'histoire
: Quand Jimmy, un jeune gendarme, rencontre Vincent, un peintre qui vient de perde sa femme dans un attentat, il décide de les prendre, sa fille Lisa et lui, sous son aile. Mais peut-on sauver les gens malgré eux ? Et dans quelle mesure est-il forcément juste de vouloir jouer les justiciers ?

Mon avis : Paru début 2020, cet album fait référence au traumatisme des attentats. Il n'y avait pas encore la psychose du covid ou de la guerre en Ukraine, notre attention était focalisée sur le terrorisme. Vincent, jeune gendarme plein d'ambition, est obnubilé par le risque, réel ou supposé. Au point de faire du zèle et de sortir de la légalité en enquêtant en solo. Tout se mélange, les violences peuvent avoir des sources différentes, mais les personnages sont perdus, ambigus dans leur motivation, loin d'être les héros que nous voudrions voir en eux. Jusqu'au final qui montre bien que rien n'est jamais si simple et si clair qu'on pourrait le croire. Notons également, le dessin et la mise en scène typique de Vivès qui sont pour beaucoup dans l'ambiance de cet album, un polar prenant.



La fille du quai, d'Alexine et Meddour

L'histoire
: Celui qui voit la fille du quai y reste à jamais enchaîné. Quiconque voit la fille du quai mourra par elle... C'est une légende oubliée que l'on se raconte le soir, pourtant c'est ce qui va s'emparer d'Haurel à 8 ans quand son destin sera bouleversé par une étrange apparition. Un beau jour de marché, sur le quai, une femme semble attendre sous une ombrelle. À partir de ce jour, le destin d'Haurel est lié à ce personnage que lui seul peut voir. La malédiction le poursuit, le hante et le prive d'une vie normale. Plus il tente de s'en échapper, plus son emprise est puissante. Sensuelle et possessive, la fille du quai s'empare de sa proie pour l'anéantir quand viendra le moment. Haurel rencontre enfin l'amour avec une femme bien réelle, mais saura-t-elle lui faire oublier son malheur ?

Mon avis : Entre malédiction et folie, le personnage d'Haurel navigue sans trop savoir et le lecteur est perdu de même. Car le scénario semble brasser trop large en trop peu de pages : il lance des pistes qui ne sont pas exploitées, laissées à l'état d'ellipse, tout en essayant de développer une ambiance pesante et mystérieuse autour de cette fameuse fille du quai. Globalement, tout cela reste confus.

Les dessins et la palette de couleurs sont par contre splendides. S'ils attirent forcément le regard, ils ne suffisent pas à compenser un récit trop mal exploité.



Coupures irlandaises, de Kris & Vincent Bailly

L'histoire
: À l'occasion d'un voyage linguistique à Belfast, deux jeunes bretons, Nicolas et Chris, découvrent la dure réalité du conflit Nord Irlandais. Le voyage est long pour les apprentis polyglottes et l'arrivée en Ulster les surprend. Pluie, grisaille, douaniers nerveux, pluie, militaires, barrages, pluie... Autre déconvenue : nos deux amis n'habiteront pas sous le même toit, Nicolas restera dans une famille ouvrière catholique alors que Chris doit se rendre chez une famille protestante nettement plus aisée. Chris se sent peu d'affinités avec eux. Trop gentils pour être honnêtes. Mais pour les deux jeunes gens, la découverte de l'Irlande passera également par la découverte des filles...

Mon avis : Deux adolescents bretons partent pour un voyage linguistique à Belfast en plein conflit irlandais dans les années 80. Avec un brin d'inconscience, ils débarquent dans une ville sans trop comprendre les tenants et les aboutissants de cette guerre larvée qui oppose deux camps. Ils découvrent, effarés, que les deux communautés sont séparées par des barricades en plein milieu de la cité. Il n'est pas si simple de passer d'un côté ou de l'autre.

Les deux auteurs font ici une belle œuvre pédagogique en mettant en lumière ce conflit qu'on craint voir ressurgir avec le Brexit. Ce récit est basé sur des faits réels, à l'exception de la fin, bien plus tragique que ce qu'ont pu vivre les deux compères. Dommage peut-être d'avoir voulu faire dans le sensationnalisme au lieu de s'en tenir à la réalité, qui montre bien le climat de haine ambiant. Dommage aussi d'avoir un peu trop centré le récit sur le point de vue catholique, oubliant les protestants au passage, relégué à la famille casse-pieds et ennuyeuse.

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