Les lectures des otages [Yôko Ogawa]

Après ma lecture il y a quelques mois de La formule préférée du professeur de Yoko Ogawa qui ne m'avait pas pleinement convaincue, je n'ai pas tardé à sortir le deuxième ouvrage de l'autrice que j'avais dans ma PAL.

L'histoire : Huit touristes étrangers sont pris en otages. Après une importante mobilisation médiatique, l'attention de la presse internationale se détourne. Seule une ONG présente dans la région poursuit sa mission et parvient à introduire un minuscule enregistreur dans une boîte de premiers soins transmise aux captifs.
À l'intérieur de la cabane, chacun a d'abord écrit son histoire, comme un jeu de cartes, un moyen de se distraire. Et puis, quand le papier est venu à manquer, chacun a gravé la pierre, le bois. Désormais, tous les soirs à la même heure, l'un des otages prend la parole. À des kilomètres de là, un casque sur les oreilles, un jeune homme écoute des voix qu'il ne connaît pas.
Il sait qu'il y a là ce qu'il reste des hommes lorsque plane l'ombre de la fin. Huit récits, huit souvenirs de basculement de vie, huit lectures enregistrées, rapportées, inconsciemment léguées au monde des vivants.

Mon avis : Le pitch, vraiment macabre, n'est qu'un prétexte très factice pour nous conter huit tranches de vie très différentes les unes des autres, mais qui ont toute pour but de célébrer la vie de ceux qui les ont vécues, justement. Ces moments, ce sont les personnages qui ont choisi de les raconter comme étant les plus représentatifs d'un tournant qu'ils ont connu dans leur existence. Une fillette qui secourt un ouvrier obèse, un garçon qui invite sa voisine à cuisiner un consommé, une jeune femme partage de biscuits avec sa logeuse... Des situations diverses, des personnages qui n'ont rien en commun si ce n'est d'avoir vécu un moment comme suspendu. Comme si l'extraordinaire pouvait venir de l'ordinaire le plus simple.
 
Les récits sont tous ciselés au plus juste, suspendant le lecteur pendant quelques pages, dans un monde à mi-chemin entre rêve et réalité. L'étrange s'insinue dans la routine quotidienne, juste ce qu'il faut pour déstabiliser très légèrement le lecteur, sans aller jusqu'au réalisme magique duquel je ne suis pas fan. Bien que je ne sois pas non plus une amatrice de nouvelles, la plume d'Ogawa fait vraiment merveille pour plonger très vite son lecteur dans l'histoire qu'elle raconte. Du coup, j'ai plutôt bien apprécié cette lecture, qui m'avait été conseillée par une cliente au détour d'une déambulation dans les rayons d'une librairie.


Les lectures des otages, de Yôko Ogawa
Traduit par Martin Vergne
Éditions Actes Sud Babel
Mai 2021

Commentaires

Sandrine a dit…
J'ai lu il y a quelques années "La marche de Mina" qui ne m'a pas plu et je n'ai pas relu l'auteur depuis.
Alex Mot-à-Mots a dit…
Un procédé original (les écoutes) qui donnent envie de découvrir ces moments de vie suspendus.
La chèvre grise a dit…
@ Sandrine : je ne connais pas ce titre, mais après deux lectures, je peux dire que j'apprécie de façon variable ses livres.

@ Alex Mot-à-mots : pour le coup le procédé n'a que peu d'importance ici, ça aurait tout aussi bien pu être des lettres. L'aspect oral n'est pas vraiment exploité en fait.
Bonheur du Jour a dit…
Je ne l'ai pas lu mais cela viendra car j'aime beaucoup cet écrivain, son univers, la façon qu'elle a de voir à travers les gens.
Bon week end.

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