Exposition : Julia Margaret Cameron, Capturer la beauté



Ces photographies sépia un peu floues, ça vous rappelle forcément quelque chose, n'est-ce pas ? Moi oui, alors je suis allée voir l'exposition qui présentait le travail de Julia Margaret Cameron. Elle se termine dans quelques jours.
 
Annie, 1864 - portrait d'Anni Philpot, fille d'un voisin réalisé dans le mois qui suit la réception de son premier appareil photo.
 
A. Tennyson, 1865 - Alfred Tennyson est un voisin et ami fidèle. Le tirage date de 1915 et a sans doute été réalisé par le photographe britannique Alvin Langdon Coburn, qui contribua à la redécouverte de Cameron au début du XXe siècle.

L'écho, 1868 - Portrait de Hattie Campbell, c'est une allusion probable au mythe grec d'Echo, nymphe condamnée par Héra, épouse de Zeus, à ne plus pouvoir parler sauf pour répéter les derniers mots qu'elle avait entendus. Raison pour laquelle peut être le modèle semble désigner a gorge de la main.

Photographe du XIXe siècle, elle fut abondamment critiquée de son vivant pour la liberté dont elle faisait preuve à l'égard des conventions de la photographie de son époque. Mais aussi admirée pour le caractère inspiré de ses portraits. Pionnière du gros plan, n'hésitant pas à recouvrir à une mise au point légèrement floue, puisant dans la religion, la littérature et l'histoire nombre de ses sujets, elle a laissé une œuvre singulière, à nulle autre pareille. 

Florence Fisher, 1872 et Florence à la manière des maîtres anciens, 1872 - Petite nièce de Cameron, Florence Fisher adopte ici des poses très théâtrales, montrant un tournant de le style de Cameron.

Pâquerettes diaprées, 1870-1874 - Portrait inspiré par un vers de Shakespeare tiré de la comédie Peines d'amour perdues

Deux jeunes femmes, 1875-1879

La reine Esther devant le roi Assuérus, 1865 - Illustration de thème inspiré de l'histoire et de la littérature, cette scène montre Henry Taylor, Mary Ryan et Mary Kellaway

Elle eut une carrière brève mais intense. Recevant son premier appareil photographique à l'âge de 48 ans, en 1863, elle se mit immédiatement à photographier ses proches, famille, employés de maison, voisins célèbres ou habitants de son village. Excentrique, généreuse et autoritaire, elle a marqué par son engagement artistique ceux qui l'approchaient et posaient pour elle.

Cupidon égaré, 1868 - Daisy Taylor pose ici avec des ailes en papier

J'attends, 1872 - un cliché de la série de photographies d'enfants inspirées des putti des tableaux de la Renaissance où sa petite-nièce Rachel Gurney pose.

Le rêve, 1869 - Portrait de Mary Hillier, domestique, que Cameron considérait comme l'un de ses plus beaux et plus fidèles modèles

La tempérance, 1864 - Mary Hillier tenant un enfant dans ses bras

Son travail, qu'elle rangeait en trois catégories : "portraits", "madones" et "sujets d'imagination" fut exposé en Grande-Bretagne comme à l'étranger, diffusé commercialement et envoyé par elle-même à des proches, amis et mentors. Lorsqu'elle retourne vivre à Ceylan (actuel Sri Lanka, alors colonie britannique), elle avait produit en douze ans des centaines d'images.

Un charme certain se dégage de ses portraits, malgré les mises en scène. Certains sont d'une grande douceur, d'autres peuvent parfois mettre mal à l'aise (cette Tempérance me fait plus l'effet d'une mère tenant un enfant mort en pleine période victorienne que d'une madone à l'enfant assoupi). Mais il est impossible de rester de marbre. Une belle exposition.


Informations utiles :

Du 10 octobre 2023 au 28 janvier 2024
Tous les jours du mardi au dimanche, de 11h à 19h, nocturne le mardi jusqu'à 21h

Jeu de Paume

1 Place de la Concorde
Jardin des Tuileries
75001 Paris
Tel : 01.47.03.12.50

Tarif : 12€
Tarif réduit : 9€

Site du Jeu de Paume ici

Commentaires

nathalie a dit…
Ah une amie l'a visitée, sans forcément aimer mais elle a trouvé ça très intéressant. Une pionnière de la photo à l'époque victorienne !
Sandrine a dit…
Je ne connaissais pas cette photographe et tu me donnes très envie de la découvrir. Quel malheur de ne pas être Parisienne...
La chèvre grise a dit…
@nathalie : oui, c'est particulier, et surtout la personnalité de la photographe n'était pas évidente à vivre de ce que j'ai compris. Un peu tyrannique. Mais il y a un vrai style, unique, et reconnaissable.

@Sandrine : une découverte effectivement.

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