Où on va, papa ? [Jean-Louis Fournier]

L'auteur : Jean-Louis Fournier est un écrivain français, humoriste et réalisateur de télévision, né en décembre1938.
Il est l'auteur de La Noiraude, une série d'albums pour la jeunesse
Son roman Où on va, papa ? a suscité une controverse pour la vision qu'il donne des deux enfants. Beaucoup de parents d'enfants handicapés se sont dits révoltés. Ce roman à obtenu le Prix Fémina en 2008.

L'histoire : Jusqu'à ce jour, je n'ai jamais parlé de mes deux garçons. Pourquoi ? J'avais honte ? Peur qu'on me plaigne ?
Tout cela un peu mélangé. Je crois, surtout, que c'était pour échapper à la question terrible :"Qu'est-ce qu'ils font ?"
Aujourd'hui que le temps presse, que la fin du monde est proche et que je suis de plus en plus biodégradable, j'ai décidé de leur écrire un livre.
Pour qu'on ne les oublie pas, qu'il ne reste pas d'eux seulement une photo sur une carte d'invalidité. Peut-être pour dire mes remords. Je n'ai pas été un très bon père. Souvent, je ne les supportais pas. Avec eux, il fallait une patience d'ange, et je ne suis pas un ange.
Grâce à eux, j'ai eu des avantages sur les parents d'enfants normaux. Je n'ai pas eu de soucis avec leurs études ni leur orientation professionnelle. Nous n'avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de savoir ce qu'ils feraient plus tard, on a su rapidement que ce serait : rien.
Et surtout, pendant de nombreuses années, j'ai bénéficié d'une vignette automobile gratuite. Grâce à eux, j'ai pu rouler dans des grosses voitures américaines.

Mon avis : À aucun moment, sur la couverture ou dans le livre, n'est indiquée la mention "roman". Il n'y a pas non plus écrit "autobiographie" ou "biographie". En fait, il s'agit surement un peu de tout cela à la fois. Il est illusoire de penser que Jean-Louis Fournier, qui manie très bien les mots, ne se soit pas servi de son talent pour écrire ce livre. En cela, c'est bien un roman. Mais il trouve son origine dans sa vie personnelle, dans son histoire avec ses deux fils. Il ne parle que d'eux, dans ce livre. Mais ça, le lecteur en est prévenu dès les premières lignes. Sa femme ou sa fille ont certainement pris une part importante elles aussi, mais elles ne sont pas le sujet du livre.
Pour ma part, j'ai ressenti dans ce livre la peur d'un homme qui sait ne pas avoir été à la hauteur, le dégoût de lui-même pour certaines pensées horribles qu'il a pu avoir, pour sa façon, parfois blessante pour les autres, qu'il a eu de tenir tête, la peur de ne pas avoir su aimer ses enfants comme il aurait dû, la culpabilité de les avoir créés ainsi, pour eux et pour lui, la honte de ne pas avoir su mettre son orgueil de mâle blessé dans sa poche, mais également de l'amour.
Certes, les passages joyeux ne sont pas nombreux. Certes, on sent plus de désolation face à ces deux êtres qu'il ne sait comment aider et dont il ne sait comment entrer en communication. Mais pour ma part, j'ai senti aussi beaucoup d'amour.
Ce livre ne serait rien sans la forme qu'il prend, la plume de Jean-Louis Fournier et son humour cynique et drôle, même pour parler d'un sujet aussi grave. Voire, parce que le sujet est grave, et qu'il arrive à nous faire rire, Jean-Louis Fournier livre ici une œuvre vraiment réussie.

Pour connaître le point de vue de la mère, il faut aller ici.

Objectif PAL : -31

Commentaires

Mangolila a dit…
Tu as raison, le style si particulier de l'auteur est, à mon avis, la principale raison de la réussite de ce livre!
Isabelle a dit…
J'ai beaucoup aimé ce livre. Il m'a profondément touchée...
La chèvre grise a dit…
@ Mango : sans le ton de Fournier, le roman serait bien moins intéressant.

@ Isabelle : Touchée, oui, beaucoup. Un peu décontenancée aussi par l'acharnement sur la mère.
Alex-Mot-à-Mots a dit…
Un livre au sujet brûlant, même des années après et malgré le recul que peut prendre le père.
La chèvre grise a dit…
Effectivement, on le sent vraiment touché.
Marie a dit…
J'ai beaucoup aimé ce livre et j'ai ressenti exactement les mêmes choses que toi.
Le style de Jean-Louis Fournier est très semblable à celui de son ami Desproges. Cet humour un peu grinçant est irremplaçable, même pour parler d'amour et de souffrance...
La chèvre grise a dit…
Oui, un livre indéniablement fort.
alinea a dit…
je n'ai pas trop aimé ce livre.
aBeiLLe a dit…
Il est dans ma PAL... son tour viendra! :o)
La chèvre grise a dit…
@ Abeille : rien ne presse. Il se lit vite ceci dit.

Posts les plus consultés de ce blog

La cité Abraxas

MAM Paris #10 : Le peignoir jaune de Tal-Coat

Musée du Quai Branly #4 : Amériques