Bouffon [Porcel & Zidrou]
Les auteurs : Depuis ma découverte de Lydie, véritable merveille, je dévore les œuvres de Zidrou. Pour cette fois, il s'allie avec Francis Porcel au dessin.
L'histoire : Un garçon, si laid qu'il est appelé «
Glaviot », grandit heureux dans les geôles d'un château, sous la
protection du tortionnaire des lieux. Que pourrait-il espérer de plus
qu'être le bouffon éperdument amoureux de la belle Livia, la fille du
Comte ? Par un miracle tout ironique dont Zidrou a le secret, cet être
difforme se révèle capable de ressusciter les femmes par ses baisers...
Mais qui acceptera de les lui rendre?
Mon avis : Bouffon est un conte médiéval original a plus d'un titre. Le choix du narrateur déjà : à la façon des troubadours, dont il prend d’ailleurs la voix si poétique, celui-ci est quasi étranger à l'histoire qu'il raconte, si ce n’est qu'il a lui-même côtoyé le personnage principal. En posant le récit au Moyen-Âge, Zidrou peut ainsi accentuer la noirceur du récit par celle de l’ambiance et du décor : les êtres sont sales, le quotidien est sordide et l’humanité se cache parfois dans la mort qu’on donne rapidement. C’est magnifiquement rendu par Porcel qui utilise un dégradé de gris et des couleurs sombres qui font merveille, le tout avec une mise en scène toute en retenue.
Ensuite, c’est un conte terriblement cruel. Il laisse espérer une fin heureuse, alors même que le narrateur nous avertit d’entrée que celle-ci n’existe pas. En effet, on ne peut s’empêcher d’espérer que Glaviot va enfin trouver le bonheur et qu’un être humain sera simplement gentil avec lui. Il ne demande pourtant pas grand-chose, mais cela semble insurmontable à toutes les personnes qu’il est amené à croiser. Lui qui représente malgré sa laideur la seule lumière du récit, le seul être chaleureux et avenant, plein de courage et gardant le sourire malgré les épreuves. Sa gentillesse s’oppose à l’ironie du ton du narrateur et accentue encore la cruauté du récit livré.
Dérangeant aussi, parce qu’à travers la noirceur de l’âme qu’on nous décrit, le lecteur en toute franchise se posera lui aussi la question : aurait-il donné ce baiser tant espéré ? La bêtise humaine est de toutes les époques et les situations, plus modernes certes, se répètent bien trop souvent.
Tout en livrant un titre qui prend encore pour sujet la différence, comme il a pu le faire déjà avec Lydie ou Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre qui donc lui reprisait ses chaussettes, Zidrou sort des sentiers battus et marque profondément le lecteur. Je recommande !
Bouffon, planche 11, de Zidrou et Porcel |
Ensuite, c’est un conte terriblement cruel. Il laisse espérer une fin heureuse, alors même que le narrateur nous avertit d’entrée que celle-ci n’existe pas. En effet, on ne peut s’empêcher d’espérer que Glaviot va enfin trouver le bonheur et qu’un être humain sera simplement gentil avec lui. Il ne demande pourtant pas grand-chose, mais cela semble insurmontable à toutes les personnes qu’il est amené à croiser. Lui qui représente malgré sa laideur la seule lumière du récit, le seul être chaleureux et avenant, plein de courage et gardant le sourire malgré les épreuves. Sa gentillesse s’oppose à l’ironie du ton du narrateur et accentue encore la cruauté du récit livré.
Dérangeant aussi, parce qu’à travers la noirceur de l’âme qu’on nous décrit, le lecteur en toute franchise se posera lui aussi la question : aurait-il donné ce baiser tant espéré ? La bêtise humaine est de toutes les époques et les situations, plus modernes certes, se répètent bien trop souvent.
Tout en livrant un titre qui prend encore pour sujet la différence, comme il a pu le faire déjà avec Lydie ou Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre qui donc lui reprisait ses chaussettes, Zidrou sort des sentiers battus et marque profondément le lecteur. Je recommande !
Bouffon, de Zidrou et Porcel
Éditions Dargaud
Août 2015
J'avais lu et adoré Lydie.
RépondreSupprimerJe note de ce pas ce titre, que je ne connaissais pas et qui me fait très envie !!
pour moi aussi Zidrou est une valeur sûre, je n'ai pas encore lu celui là
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