La favorite, de Yórgos Lánthimos

Film américano-britanico-irlandais de Yórgos Lánthimos, sorti le 6 février 2019, avec Olivia Colman, Rachel Weisz et Emma Stone.

L'histoire : Début du XVIIIème siècle. L’Angleterre et la France sont en guerre. Toutefois, à la cour, la mode est aux courses de canards et à la dégustation d’ananas. La reine Anne, à la santé fragile et au caractère instable, occupe le trône tandis que son amie Lady Sarah gouverne le pays à sa place. Lorsqu’une nouvelle servante, Abigail Hill, arrive à la cour, Lady Sarah la prend sous son aile, pensant qu’elle pourrait être une alliée. Abigail va y voir l’opportunité de renouer avec ses racines aristocratiques. Alors que les enjeux politiques de la guerre absorbent Sarah, Abigail quant à elle parvient à gagner la confiance de la reine et devient sa nouvelle confidente. Cette amitié naissante donne à la jeune femme l’occasion de satisfaire ses ambitions, et elle ne laissera ni homme, ni femme, ni politique, ni même un lapin se mettre en travers de son chemin. 

Mon avis :  Yorgos Lanthimos ne fait pas dans le grand public, on le sait. De ce réalisateur, je ne connaissais que la Mise à mort du cerf sacré, vu un peu par hasard à la télé il y a quelques mois. Ici, pour son premier film en costumes, il livre pourtant une œuvre somme toute très accessible mais qui ne manquera pas pour autant d’en choquer plus d’un (en témoignent les « oooh » entendus lors de la projection en salle, certes devant un public largement âgé).

Le ton est décalé et l’imaginaire très particulier, fait de vice, de férocité, de manipulations et de touches de drôlerie. Surtout, la photographie est splendide. Certaines scènes interrogent et d’autres sont parfois plus compréhensibles. Le choix du noir et blanc exclusif pour les costumes de cour par exemple m’a laissée dubitative même si cela participe de la construction visuelle.


Au milieu de tout ça, les prestations d’Olivia Colman, reine Anne cyclothymique et dépassée, et de Rachel Weisz, lady Marlborough fière, assurée et charismatique sont bluffantes. Avec une Emma Stone qui vient faire obstacle à ce duo bien rôdé, on a une triplette de manipulatrices de haut vol, chacune habitée à sa façon. Anne est enfermée dans son château, plus guère maîtresse à bord, confondant enfants disparus qui la hantent et lapins de compagnie. Sarah est prête à tout pour gouverner le royaume comme il se doit, incarnant à la perfection le leader nécessaire pour mener des troupes. Abigail veut prendre sa revanche, retrouver ce rang que son père l’a forcée à abandonner.

Après, avec un peu de recul, je note que c’est surtout la forme adoptée par Lanthimos qui fait l’intérêt de ce film, tant l’histoire a été déjà vue bon nombre de fois. Celle d’une arriviste moins gentille qu’il n’y parait et d’une arrivée moins méchante qu’il n’y parait également. Autrement dit celle de la désagrégation d’une âme par ambition pure. La dernière scène du film est la clé, révélant tout ce que ce film cherche à dire.

Commentaires

dasola a dit…
Bonjour La chèvre grise, ce film ne fait pas l'unanimité. Personnellement, je l'ai trouvé très bien interprété. Bonne journée.
La chèvre grise a dit…
@ dasola : tout à fait ! On comprend les oscars en visionnant la performance des acteurs.

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