Ceux qui restent [Jean Michelin]

L'auteur
: Né en 1981, Jean Michelin est un militaire et écrivain français, dont Ceux qui restent est le premier roman, après Jonquille, récit de son expérience en Afghanistan.

L'histoire : Comme chaque matin, l'aube grise se lève sur l'immuable routine de la garnison. Mais cette fois, Lulu manque à l'appel. Lulu, le caporal-chef toujours fiable, toujours solide, Lulu et le son sourire en coin que rien ne semblait jamais pouvoir effacer, a disparu. Aurélie, sa femme, a l'habitude des absences, du lit vide, du quotidien d'épouse de militaire. Elle fait face, mais sait que ce départ ne lui ressemble pas.

Quatre hommes, quatre soldats, se lancent alors à sa recherche. Il sont du même monde et trimballent les mêmes fantômes au bord des nuits sans sommeil. Si eux ne le retrouvent pas, personne ne le pourra.

Mon avis : Depuis quelques semaines, avec bébé, j'ai du mal à me concentrer sur des lectures longues et/ou exigeantes. J'ai besoin que ma lecture ne dure pas trop sinon je perds le fil. C'est avec une contrainte de nombre de pages ne devant pas dépasser les 250 que je suis passée, avant les fêtes de fin d'année, à la librairie La griffe noire. Et que j'ai été tentée par ce roman qui remplissait ce critère principal mais, aux dires des libraires, promettait pourtant un roman émouvant et fort.

Alors qu'en est-il ? J'ai aimé la plongée dans l'univers militaire, que seul un homme du cru peut vraiment rendre crédible. On découvre un peu l'intérieur de la grande muette, la fraternité qui relie tous ces hommes partant au combat aux ordres de la patrie, malgré leurs différences quelles qu'elles soient. On découvre aussi leur solitude car, tous autant qu'ils sont, ils font face comme ils peuvent aux épreuves endurées : moqueries, peur du jugement, difficulté à mener une vie personnelle en parallèle, perte d'un camarade, culpabilité du survivant, le fracas des bombes en permanence dans les oreilles... toutes ces questions qui n'ont jamais de réponses. Et enfin, on découvre leur vie de famille, l'autre pendant de la médaille, la vie civile à l'opposé de ce qu'ils vivent le reste du temps avec leur frères d'armes.

Ceux qui restent ce sont ceux qui ne meurent pas au champ d'honneur. Ce sont ceux qui sont à l'arrière, les familles, les épouses et les enfants qui grandissent loin du quotidien de leur père. Souvent, ces militaires voient mal le sens exact de leurs missions, envoyés dans un pays puis dans un autre au gré des conflits mondiaux qui éclatent, pour des intérêts nationaux qui leur semblent bien lointain. Seul le silence finit par les accompagner, un silence dont ils ont bien du mal à se défaire une fois de retour chez eux.

La trame de fond est intéressante, mais la recherche de Lulu piétine pendant les trois quart du roman avant de trouver son dénouement dans une lettre découverte dans le paletot d'un camarade tombé au combat. J'ai trouvé l'explication un peu bancale et je n'y ai pas vraiment adhérée. Fallait-il absolument mêler des histoires amoureuses à ce récit déjà fort en émotion ? Cela ajoute trop de pathos et dessert l'histoire. Homosexualité, racisme, adultère, des thèmes très actuels mais mal intégrés et pas assez finement travaillés, surtout comparés à l'arrière-plan militaire lui si bien maîtrisé.


Ceux qui restent, de Jean Michelin
Éditions Héloïse d'Ormesson
Août 2022

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Une lecture en demi-teinte, donc.

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