La malédiction de la madone [Philippe Vilain]

L'auteur
: Né en 1969, Philippe Vilain est l'auteur de romans et d'essais. La malédiction de la madone est son douzième roman.

L'histoire : Assunta Maresca, dite Pupetta, grandit à Naples, dans les années 1950, sous la coupe d'un père mafioso. Mais Pupetta, la "petite poupée", ne craint rien ni personne.

À dix-neuf ans, alors qu'elle participe à un concours de beauté, son destin bascule. Elle rencontre l'amour de sa vie, Pasquale Simonetti, un boss de la Camorra, qui tombe sous le charme de cette Napolitaine sulfureuse. Le mariage est vite officialisé et rien ne peut contrarier le bonheur de ce couple. Si ce n'est l'assassinat de Pasquale, quatre-vingts jours après la cérémonie.

Pour Pupetta, l'heure de la vendetta a sonné. Son histoire ne cesse alors d'affoler la rumeur de la ville, car cette Madone vengeresse incarne à la fois le courage et l'honneur, la passion et l'héroïsme, mais également toute l'ambiguïté de Naples, à feu et à sang.

Mon avis : Le problème de ce roman c'est que la quatrième de couverture dit tout. Il n'y manque rien, et vous n'aurez guère plus de sensation ou de sentiment en lisant le livre. On lit ces pages en attendant la surprise, l'élément supplémentaire qui n'arrive jamais. Et cela a provoqué chez moi une frustration que je ne pardonne pas à l'auteur, qui aurait pourtant pu faire beaucoup mieux tant il y avait matière à dire. Quand le sujet lui-même n'est pas très original, tout porte sur la plume de l'écrivain.

Philippe Vilain brosse le portrait de la Camorra à hauteur de femme, cette Pupetta qui veut faire autrement que sa mère ou ses amies. Elle va choisir elle-même son mari, ce qui en soit est déjà une gageure. Elle va l'aimer et par amour elle va prendre les armes pour le venger. Dans une Naples rongée par la guerre, les gangs mafieux font la loi et personne ne s'en émeut. Tout le monde est corrompu ce qui n'empêche pas la religion d'être très présente et chacun très croyant, s'arrangeant ainsi avec sa conscience. Paradoxe napolitain par excellence. Pupetta a vraiment existé mais l'auteur semble ne pas vouloir choisir entre portrait historique ou romancé, balançant en permanence de l'un à l'autre. On survole un peu tout, sans réellement s'attacher aux personnages, n'y même à la protagoniste principale. Que ce soit ses rebellions de femme, ses amours ou sa vengeance. Seul son passage en prison est bien raconté, donnant à vivre cet état d'hébétude et cette acceptation. 

"Aujourd'hui qu'elle se retrouvait seule avec Pasqualino dans une ville devenue hostile, elle prenait conscience de ce que sa liberté avait d'aliénant. [...] Que lui avait apporté sa vengeance, sinon soulager sa propre conscience ? Elle ne lui avait pas rendu son amour. N'avait-elle pas plutôt perpétué la haine, entretenu les guerres de clans ? Et si, certes, elle s'était alors conduite comme une épouse exemplaire, passionnée, fidèle, avait-elle agi néanmoins en mère aimante, et pensé aux conséquences de son crime sur la vie de son fils ? La passion ne justifiait pas tout, et elle avait sacrifié la jeunesse de Pasqualino. Sans regretter son acte, elle questionnait son utilité réelle."


La malédiction de la madone, de Philippe Vilain
Éditions Robert Laffont
Août 2022

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
A croire que les éditeurs prennent un malin plaisir à divulgâcher sur les 4e de couverture.

Posts les plus consultés de ce blog

La cité Abraxas

Thérapie [Sebastian Fitzek]

Musée du Quai Branly #4 : Amériques