L'entaille [Antoine Maillard]

L'auteur
: Né en 1989, Antoine Maillard est un illustrateur et auteur de bande dessinée français. Il a beaucoup travaillé pour la presse comme Télérama, The New Yorker ou The New York Times. L'entaille est son premier album, commencé lors de ses études à l’École européenne supérieure de l’image d’Angoulême. Il aura muri presque dix ans.

L'histoire : Le quotidien d’un groupe d’adolescents est chamboulé lorsque deux jeunes filles sont retrouvées un matin, sauvagement assassinées aux abords du lycée. La présence de la police empêche Pola de dealer autour de l’école, le discret Daniel a des pulsions de plus en plus morbides, et la populaire Laurie commence à se remémorer des souvenirs traumatisants. La vie de la petite bourgade est très vite rythmée par les flashs télévisés et la rumeur d’un dangereux meurtrier armé d’une batte se propage rapidement dans la ville. La fin des cours approchant, l’avenir semble incertain, pourtant chacun veut préserver l’illusion d’une éternelle insouciance. Mais le mal est pourtant bien là, dissimulé sous leurs yeux…

Mon avis : Repéré grâce au prix Fauve Polar SNCF reçu à Angoulême, l'Entaille nous plonge dans une petite ville tranquille d'une banlieue qui pourrait tout à fait être américaine. Des lycéens mal dans leur peau et un tueur en série sans visage qui sème un vent de panique. Tout est là et Antoine Maillard installe une atmosphère noire savoureuse à souhait, dont on se délecte jusqu'à la fin. 


Graphiquement, c'est surprenant mais bigrement addictif : des dessins au crayon à papier, tout en dégradé de gris donc, qui donne toute sa texture à cette ambiance angoissante et pesante et fait de cet album un slasher de la plus belle qualité. Le visuel prend une telle place que j'ai pensé à des films de Hitchkock en lisant cet album, avec ce côté étouffant. Côté récit, beaucoup d'importance est donné aux non-dits, à ce qui se devine entre les lignes : le mal-être adolescent et le passage à l'âge adulte. Comme il y a peu de dialogues, on se demande parfois ce qui est réel et ce qui est fantasmé.

Mais il y a un gros bémol : la fin. Trop confuse, elle ne termine ni n'explique rien. Je cherche encore l'explication du titre, d'ailleurs. Et surtout, ça gâche complètement la lecture tellement on est abandonné là, sur le bord du chemin, sans savoir exactement où on est ni pourquoi. Quel dommage !


L'entaille, d'Antoine Maillard
Éditions Cornélius
Mars 2021

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