Des choses qui arrivent [Salah Badis]

L'auteur
: Né en 1994, Salah Badis est un journaliste, poète, écrivain et traducteur algérien. Des choses qui arrivent est son troisième ouvrage, après un recueil de poèmes en 2016 et un premier recueil de nouvelles en 2019.

L'histoire : Un couple qui rêve d'ouvrir une laverie automatique à Alger ; un musicien amateur et mythomane dont le père meurt soudainement en Turquie ; un étudiant qui s'interroge sur "le bonheur potentiel de ses journées" ; un éditeur pris entre le manuscrit d'un écrivain tunisien des années 1930 et les affres du terrorisme contemporain : Madame qui tient un salon de coiffure ; Monsieur Krimou et sa Peugeot 505 ; une jeune femme dans sa ville sinistrée par un tremblement de terre qui rêve obstinément d'un appartement ; un preneur de son ballotté entre ses désirs.

Ils et elles s'appellent Kahina, Amin, Maria, Imen, Madjid, Madame Djouzi, Selma... Ils sont plus ou moins jeunes, commerçants, étudiants, salariés, il cherchent à faire la fête, à s'aimer, ils se remémorent leurs vies et scrutent les stigmates du temps qui passe. Ce sont autant de personnages en butte aux contraintes sociales et politiques qui ont marqué l'Algérie des années 1980 jusqu'à la fin des années 2010 : la sanglante décennie 1990, le règne déclinant du président Bouteflika, les prémices du mouvement de révolte citoyen de 2019.

Mon avis : Je connais très mal, voire pas du tout, la littérature africaine et moyen-orientale. C'est pourquoi j'ai choisi ce recueil de nouvelles proposé lors de la dernière opération Masse Critique de Babelio

Au fil des neuf nouvelles, toutes traçant du quotidien le plus anecdotique, c'est surtout le portrait de la ville d'Alger que nous propose l'auteur, bien plus que celui des personnages qui la parcourent. Chacun cherche à sa façon à vivre pleinement, mais est en but à des problématiques économiques et sociales. La ville et ses habitants semblent profondément marqués par un terrible tremblement de terre en 2003.

À la lecture, j'ai supposé une grande poésie du texte dans la langue arabe mais qui ne passait pas avec la traduction française. Il semble que Salah Badis ait joué avec les dialectes et les sonorités pour produire un texte infiniment vocal, mais la traduction, bien qu'empreinte de mille précautions, ne rend pas du tout cela. Elle est assez froide pour parler de personnages qu'on sentirait pourtant rongés par des émotions qui n'effleurent jamais vraiment. Je n'ai pas réussi à embarquer dans chaque pan de vie raconté, je restais à chaque fois sur le quai.

Un rendez-vous manqué donc, mais je continuerai à découvrir la littérature arabe.


Des choses qui arrivent, de Salah Badis
Traduit par Lotfi Nia
Éditions Philippe Rey
Octobre 2023

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Quelle dommage, mais il est vrai que traduire de la poésie n'est jamais simple.

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