BD Express #32

La Douce, de François Schuiten

L'histoire : La Douce, Léon la connaît bien. Il la comprend mieux que quiconque, anticipant ses moindres désirs. Et quoi de plus normal, après tant d'années passées à dévorer les kilomètres ensemble. Car la Douce, ou plutôt la 12.004, est une locomotive à vapeur. Une reine de vitesse, à la mécanique sophistiquée, qui fait la fierté de son mécanicien. Mais les temps changent, les transports électriques gagnent du terrain, et les jours de la Douce sont maintenant comptés.

Mon avis : Premier album solo de Schuiten, il s'agit là d'un hommage à une locomotive d'exception mais surtout de raconter la fin d'une époque, celle du ferroviaire à vapeur, détrôné par l'électricité. Le monde dans lequel évolue Léon est un monde de changements profonds, de restructuration tant professionnelle que sociétale. Tout change, sans aucun respect pour le travail accompli précédemment. Si l'album se lit facilement et qu'on comprend bien le propos, et même si les dessins en noir et blanc sont beaux, j'ai regretté que les planches ne soient pas en couleur et que l'histoire ne donne pas plus de place à la locomotive elle-même. En dehors de la couverture, on ne la voit au final qu'assez peu. À côté de ça, les personnages et leurs relations ne sont pas particulièrement creusés. L'ensemble manque du coup de profondeur pour être plus qu'un simple hommage, pour devenir un album qui compte. 

 

Comme par hasard, de Cyril Bonin

L'histoire : Le hasard est bien plus qu'une simple probabilité. Paris, 1909. Victor Nimas est un comptable à la vie bien rangée qui trouve son bonheur dans les chiffres et les probabilités. Son existence ne connaît ni drame ni remous et ce n'est pas pour lui déplaire. Mais personne n'est jamais à l'abri du hasard et un soir, alors qu'il rentre chez lui, il marche par inadvertance sur un petit bout de papier : c'est une place de spectacle pour les ballets russes.

En règle générale, ce genre de divertissement ne lui inspire rien que de l'indifférence, pourtant cette fois, il décide de profiter de l'opportunité. Pour lui, c'est une révélation, un pur enchantement... d'autant plus qu'au-delà des chorégraphies et artifices de mises en scène, il est captivé par le regard ensorcelant de l'une des danseuses. Elle est belle, elle s'appelle Tania et voilà Victor embarqué dans un tourbillon d'imprévus qui iront jusqu'à perturber les fondements logiques de cet éternel cartésien.

Mon avis : En préparant ce billet je me suis rendue compte que j'avais déjà lu un autre album de Cyril Bonin, Presque maintenant il y a un peu plus de deux ans. J'ai été plus convaincue cette fois par Comme par hasard, notamment grâce aux couleurs utilisées, à l'univers un peu suranné rendu par ces dessins parfaitement adaptés à l'époque décrite, à l'opposition entre ce Victor si cartésien et les femmes plus vivantes qu'il rencontre. Mais il manque malheureusement ici un peu de densité psychologique aux personnages pour avoir une histoire vraiment intéressante. Il aurait fallu creuser davantage car là, on referme le livre en ce disant "tout ça pour ça".


L'Argentine, d'Andreas et Isa Cochet

L'histoire : Une jeune fille kidnappée est retrouvée en Argentine. Son père, éminence grise des trois derniers présidents français, est mis sur la touche après l'élection du nouvel homme fort de l'Élysée du parti d'extrême droite. Alors que l'activité cérébrale de sa mère, dans le coma depuis sa naissance, s'accélère brusquement...

Mon avis : Bon, je ne sais pas exactement ce que j'ai lu là. Policier mâtiné de fantastique dont on ne comprend pas exactement de quoi il est question, même à la toute fin. Au fur et à mesure de la lecture les phénomènes étranges s'accumulent, on se pose beaucoup de questions, et l'atmosphère étrange prend le dessus. Ca c'est plutôt habilement mené, mais ça fait flop car le lecteur n'a aucune réponse, si ce n'est de vagues propos bâclés en toute fin d'ouvrage. Enfin, le dessin est disons le franchement moche, pas du tout rattrapé par la mise en couleurs, elle aussi hideuse : pas d'ombrage, un trait noir très présent et des aplats de couleurs. Bref, un album dispensable.

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