L'oiseau de Bergen-Belsen [Florence Schulmann]

L'autrice : Florence Schulmann est une femme française née le 24 mars 1945 en Allemagne, dans un camp de concentration.

L'histoire : Florence Schulmann est une miraculée : son premier cri résonne à Bergen-Belsen au coeur de la désolation, trois semaines avant l’arrivée des forces britanniques. N’ayant pu avorter, sa mère est parvenue à cacher sa grossesse et à obtenir l’aide d’une kapo peu de temps avant de perdre les eaux.

Florence est donc une rescapée, mais une rescapée sans souvenirs. Et une enfant hantée : tous les soirs, blottie dans son lit, elle entend ses parents murmurer et pleurer de l’autre côté de la cloison. De leur traumatisme, elle ignore tout - la liquidation du ghetto de Brzeziny, la perte d’un premier fils dans d’effroyables circonstances, leur séparation dans deux camps distincts, leurs retrouvailles inespérées, l’impossibilité de rentrer en Pologne.

C’est à l’adolescence que Florence se dessille, à l’occasion d’un premier voyage en Israël où les gens se bousculent pour la rencontrer. Ce jour-là elle comprend qu’elle n’est pas une jeune fille comme les autres.

A 80 ans, elle accepte enfin de se raconter : après être retournée à Bergen-Belsen, après avoir participé à des groupes de paroles, ressorti photos et archives. Née entre nuit et brouillard, Florence remonte ici le fil de son histoire, car elle sait que les mots sauvent, que la transmission est une boussole, un devoir, pour ses petits-enfants et les générations suivantes.
 
Un livre remarquable, un témoignage rare.

Mon avis : Héritière d'une tragédie qu'elle n'a pas vraiment vécue, Florence Schulmann à toute sa vie portée un sentiment étrange. Elle est née dans le camp de Bergen-Belsen, trois semaines avant la libération. Ce même camp qui a vu la mort d'Anne Frank. Dans des conditions dantesques. Elle n'aurait pas du survivre. Le destin en décide autrement. Son existence tient du miracle.

En tant qu'enfant de rescapés et rescapée elle-même, son histoire est particulière, unique. Elle n'a aucun souvenir de ses trois semaines passées au camp. Ses parents ne lui disent rien, ne lui expliquent rien. Elle est élevée dans le silence, mais devine le traumatisme qu'ils ont subi à des discussions surprises, des larmes inattendues versées. Simone Veil et d'autres raconteront cela. Mais Florence est aussi un symbole de vie. Ce n'est qu'à l'âge adulte, à 80 ans, qu'elle décide de dénouer les fils de son histoire et de celle de ses parents, qu'elle comprend la souffrance endurée et tue pendant des années. Le passé laisse toujours des traces et il est important de les comprendre, pour soi et pour les générations futures. Elle comprend enfin d'où elle vient et qui elle est. Elle se réapproprie son chemin de vie.

Florence Schulmann nous livre ici un témoignage fort et bouleversant. L'émotion est toujours là, à fleur de mots. Mais sans pathos. Son destin est hors du commun et le lecteur ressent pleinement ce qu'il a à la fois de tragique et de fabuleux. Une autre façon de voir l'horreur des camps nazis, un témoignage poignant qu'on lit en apnée.


L'oiseau de Bergen-Belsen, de Florence Schulmann
Éditions Grasset pour Kindle
Mars 2025

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