Les nuits de Reykjavik [Arnaldur Indridason]

Cela fait plus de deux ans depuis ma dernière lecture d'un roman d'Arnaldur Indridason, avec Le roi et l'horloger. Et presque 8 ans depuis la dernière lecture d'une aventure du commissaire Erlendur. Il était temps de revenir aux sources, et quoi de mieux que de pouvoir lire le premier tome de la saga, publié tardivement en France.

L'histoire : Erlendur le solitaire vient d'entrer dans la police, et les rues de Reykjavik dans lesquelles il patrouille de nuit sont agitées : accidents de la circulation, contrebande, vols, violences domestiques... Des gamins trouvent en jouant dans un fossé le cadavre d'un clochard qu'il croisait régulièrement dans ses rondes. On conclut à l'accident et l'affaire est classée. Pourtant le destin de cet homme hante Erlendur et l'entraîne toujours plus loin dans les bas-fonds étranges et sombres de la ville. On découvre ici ce qui va faire l'essence de ce personnage taciturne : son intuition, son obstination à connaître la vérité, sa discrétion tenace pour résister aux pressions contre vents et marées, tout ce qui va séduire le commissaire Marion Briem.

Mon avis : Voici donc le tout premier volet des aventures d'Erlendur. On apprend à connaître le personnage, son histoire personnelle qui le pousse à s'intéresser à des disparitions et ses débuts dans la police avant d'arriver à la Criminelle justement suite à une enquête peu orthodoxe. Il y fera la connaissance de celle qui sera son mentor, Marion Briem, qui n'apparait que très brièvement.

On trouve ici tout ce qui fait le charme de la plume d'Indridason : un personnage entêté, renfermé, qui ne se lance pas dans des courses poursuites mais qui cherche obstinément à comprendre ce qui a pu arriver à des disparus ou des morts. Cela le pousse à poser des questions, parfois dérangeantes. Il est taiseux, peu amène, un peu à l'image des terres sauvages où il habite : elles sont belles mais dangereuses, il ne faut pas s'y fier.

Je suis fascinée par le fait qu'il n'y a jamais de violences dans ces romans. On est très loin de scènes gores ou de scènes d'action folles. Ici, tout se passe petit à petit, un détail qui intrigue, une réponse un peu floue d'une personne interrogée... et Erlendur creuse jusqu'à ce qu'un interlocuteur dise un mot de trop ou qu'un indice matériel le mette sur une piste et qu'il obtienne des aveux. Souvent, les romans mettant en scène Erlendur mêlent enquêtes et histoire du pays. Ce n'est pas le cas ici, l'auteur acclimatant plutôt son lecteur au contexte social de l'île : des problèmes d'alcoolisme et de dépression sévères ; un protagoniste très conservateur et peu enclin au sentimentalisme, asocial. 

Oui, ceux qui chercheront dans ce roman un récit policier risquent forts d'être déçus, car l'enquête n'est ici qu'un prétexte à la découverte de l'univers, qui sera le décor des aventures suivantes. Il plante l'atmosphère, qui fait tout le sel de ses romans. Et il ravit les amateurs d'Erlendur en donnant à lire les débuts de ce personnage emblématique de la littérature nordique.


Les nuits de Reykjavik, d'Arnaldur Indridason
Traduit par Éric Boury
Éditions Points
Janvier 2016

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