La délicatesse [David Foenkinos]

L'auteur : David Foenkinos est un romancier français né à Paris en 1974. Après des études de lettres à la Sorbonne, il est professeur de guitare. Son premier roman sort en 2002.

La délicatesse est son 8e roman.

L'histoire : "François pensa : si elle commande un déca, je me lève et je m'en vais. C'est la boisson la moins conviviale qui soit. Un thé, ce n'est guère mieux. On sent qu'on va passer des dimanches après-midi à regarder la télévision. Ou pire : chez les beaux-parents. Finalement, il se dit qu'un jus, ça serait bien. Oui, un jus, c'est sympathique. C'est convivial et pas trop agressif. On sent la fille douce et équilibrée. Mais quel jus ? Mieux vaut esquiver les grands classiques : évitons la pomme ou l'orange, trop vu. Il faut être un tout petit peu original, sans être toutefois excentrique. La papaye ou la goyave, ça fait peur. Le jus d'abricot, c'est parfait. Si elle choisit ça, je l'épouse...
- Je vais prendre un jus... Un jus d'abricot, je crois, répondit Nathalie.
Il la regarda comme si elle était une effraction de la réalité."

Mon avis : Que dire ? À l'heure d'écrire ce billet, je suis bien gênée pour trouver mes mots. Car je n'ai en soi pas grand chose à reprocher à ce roman, mais je n'ai pas été emportée. Pourtant, autant le dire tout de suite, il porte très bien son titre : tout est en délicatesse, en petites touches.
Sur le style déjà. Rien à dire, c'est plutôt bien écrit. Avec des pointes d'humour, surtout apportées par le personnage de Markus qui apporte un décalage : il est maladroit avec les femmes et avec ses relations aux autres ; il sort des phrases sans rapport avec le contexte (la scène du trafic de mozzarella démantelé est assez drôle). La façon dont le roman est écrit est plutôt originale également : des chapitres assez courts, qui nous font naviguer entre le point de vue de François et de Nathalie, puis de Nathalie, de Charles et de Markus ; mais surtout, parfois, le narrateur fait une incursion pour rebondir sur un détail évoqué par un personnage dans le chapitre précédent (paroles d'une chanson que le personnage entend à la radio, signes astrologiques des membres de l'équipe de Nathalie, nombre de paquets de Krisprolls vendus dans une année...), pour nous faire part d'éléments totalement factuels qui remettent en perspective les relations des protagonistes.
Sur les personnages ensuite. Si je n'ai pas trop aimé François, d'autant que je n'ai pas pu beaucoup m'y attacher puisqu'il meurt assez rapidement, Nathalie non plus ne m'a pas particulièrement touchée. Pourtant, David Foenkinos décrit son deuil d'avoir perdu son mari de façon assez forte, sans sensiblerie. Il choisit de décrire le vide que laisse quelqu'un lorsqu'il ne revient pas d'une sortie tout à fait banal et habituelle, comme une course à pieds. Nathalie mettra alors 3 ans avant de se rendre compte qu'elle est prête à vivre de nouveau. Et ce constat est surtout le fait de Markus. Markus, Suédois expatrié à Paris, est son subalterne. Il n'est pas beau, pas particulièrement intelligent, mais il a la faculté de la sortir du quotidien et de la routine dans laquelle Nathalie s'est installée, sans pour autant suinter la pitié par tous les pores. Forcément, c'est rafraîchissant.
Mais quelque part au milieu de tout ça, je n'ai pas été touchée davantage, je n'ai pas été emportée. Et je me dis, que je ne suis pas faite pour lire des histoires vraies, des histoires de tous les jours, des histoires de gens normaux (qui lisent allongés sur le canapé le dimanche après-midi), tout simplement.

Merci à BoB pour cette lecture.

Commentaires

Manu a dit…
Ca arrive. Il est dans ma PAL et je pense le lire bientôt.
Alex Mot-à-Mots a dit…
Voilà un roman qui m'a parlé, j'ai bien aimé.
La chèvre grise a dit…
@ Manu : eh oui, on ne peut pas faire mouche à tous les coups :-)

@ Alex mot-à-Mots : C'est l'avis de beaucoup sur la blogosphère :-)
Reka a dit…
Lu ce mois-ci chez moi aussi. Je n'ai pas apprécié non plus. Ca me rassure que je ne sois pas la seule à ne pas adhérer ;)
La chèvre grise a dit…
@Reka : oui rassurant de trouver d'autres personnes qui n'accrochent pas au milieu de ce flot de bonnes critiques.
Edelwe a dit…
Je n'aime pas du tout cet auteur. Le potentiel érotique de ma femme m'a terriblement déçue et ennuyée!
choupynette a dit…
toujours pas lu l'auteur. Et c'est pourtant pas faute de ne pas l'avoir vu sur les blogs!
La chèvre grise a dit…
@ Edelwe : je ne pense pas aller plus loin avec lui, et tu ne m'y encourages pas :-)

@choupynette : oui, on le voit beaucoup.
Lilibook a dit…
je compte le lire aussi
Nane a dit…
Roman que j'ai trouvé très fade, il ne m'en est rien resté. Beaucoup de bruit pour rien à mes yeux...

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