Le joueur d'échecs [Stefan Zweig]

L’auteur : Stefan Zweig est un auteur autrichien, né en novembre 1881 à Vienne et mort en février 1942 au Brésil.

L'histoire : Qui est cet inconnu capable d’en remontrer au grand Czentovic, le champion mondial des échecs, véritable prodige aussi fruste qu’antipathique ? Peut-on croire, comme il l’affirme, qu’il n’a pas joué depuis plus de vingt ans ? Voilà un mystère que les passagers oisifs de ce paquebot de luxe aimeraient bien percer.
Le narrateur y parviendra. Les circonstances dans lesquelles l’inconnu a acquis cette science sont terribles. Elles nous reportent aux expérimentations nazies sur les effets de l’isolement absolu, lorsque, aux frontières de la folie, entre deux interrogatoires, le cerveau humain parvient à déployer ses facultés les plus étranges.

Mon avis : Pions noirs contre pions blancs, Czentovic contre M B., nazisme contre humanisme, voilà à quoi renvoie la partie d’échecs à laquelle assiste le lecteur.
Le narrateur, dont on ne connaît pas l’identité et qui n’a au final que peu d’intérêt pour l’histoire, raconte l’épisode qu’il vit sur ce paquebot : le grand champion du monde d’échecs Czentovic est sur place et accepte d’affronter n’importe quel joueur, moyennant une certaine somme d’argent. Plusieurs amateurs se regroupent donc pour affronter le maître au cours d’une partie. Mais M B. fait montre d’un talent bien supérieur parmi l’assemblée, talent qui poussent les autres joueurs à lui demander de joueur seul face à Czentovic. C’est le narrateur qui est chargé de présenter la requête. M B. lui racontera alors comment il en est arrivé à être aussi bon aux échecs, sans avoir touché un seul échiquier depuis 20 ans.
Malgré la petite taille de ce récit, Stefan Zweig a réussi magistralement à créer le suspense : qui est exactement ce M B. ? en enchâssant 2 récits dans celui du narrateur. Le premier récit est celui d’un ami, qui conte la découverte du génie de Czentovic. Le second est celui de M B. sur les raisons de ses capacités aux échecs. Petit à petit, l’angoisse monte : on sent M B. prit de frénésie, lui pourtant si calme et si posé, face à l’imperturbable champion, dont il est impossible de lire le moindre sentiment. La fin est attendue mais néanmoins efficace.
Pour la petite histoire, n’oublions pas que ce roman de Stefan Zweig a été publié à titre posthume en 1943, après son suicide, désespéré par la montée du nazisme. Le joueur d’échecs fait clairement référence au nazisme, bien au-delà du simple récit des horreurs subies par M B., par l’opposition même des deux joueurs au personnalités distinctes, l’un étant la froideur et l’implacabilité du nazisme, l’autre l’envie de vivre et les valeurs culturelles de Zweig lui-même, poussé à l’abandon de la partie pour survivre, comme Zweig qui du fuir au Brésil.
Je file de ce pas voir quelle autre œuvre de Zweig je vais bien pouvoir lire.

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Toutes ses autres oeuvres, elles sont excellentes également.
leiloona a dit…
Tiens, il faudrait que je le propose pour le boulot, je n'y pensais plus. Merci ! ;)
La chèvre grise a dit…
@ Alex-Mot-à-Mots : je suis en plein dans "Amerigo" et c'est très différent mais vraiment très intéressant.

@ Leiloona : c'est toujours un livre intéressant à proposer.
Cachou a dit…
J'ai beaucoup aimé celui-ci, mais je lui ai encore préféré "La confusion des sentiments"...
Loo a dit…
La peur est bien aussi. Il s'agit de plusieurs nouvelles assez longues qui traitent de la peur dans différentes situations. Je les ai toutes bien aimées.
Anonyme a dit…
C'est évidemment bien écrit mais au combien loin de la réalité !
Du pur délire. Impossible de devenir un champion si on joue seul. Et tous les champions sont des psychopates !

Ce livre là me semble plus proche d'une certaine réalité !
http://www.amazon.com/dp/B00AW8CP44

Posts les plus consultés de ce blog

La cité Abraxas

MAM Paris #10 : Le peignoir jaune de Tal-Coat

Musée du Quai Branly #4 : Amériques