L'éternel [Joann Sfar]

L'auteur : Dessinateur et scénariste français né en août 1971, Joann Sfar est connu pour sa série Le Chat du Rabbin. Depuis peu, il s'essaie à la réalisation pour Gainsbourg, vie héroïque et au roman pour adulte avec L'éternel.

L'histoire : « Les vampires, ça n'existe pas.
La psychanalyse, ça ne marche pas.
On était vraiment faits pour se rencontrer. »
Pour son malheur, Ionas, violoniste juif ukrainien, doux-rêveur mort au combat en 1917, ressuscite sous la forme d'un vampire. Il n a qu'une obsession : retrouver sa fiancée Hiéléna, fille d'un luthier d'Odessa. Mais pour « vivre », il doit boire du sang, ce qui le plonge dans des affres de culpabilité. Il passe outre tout ce que sa douceur naturelle lui interdit et, rongé par sa mauvaise conscience, finit par découvrir que son frère Caïn et sa belle ont convolé en justes noces et attendent un enfant...
Près d'un siècle et quelques pogroms plus tard, Ionas, qui a élu domicile à New York, essaie de trouver auprès de la très sexy Rebecka Streisand, psychanalyste tout juste veuve d une célèbre rock star, un recours pour vaincre sa culpabilité et vivre en harmonie avec ses démons.
Humour, dérision, sens du romanesque, truculence, sensualité, émotion... on retrouve dans ce Nosferatu revu et corrigé par Woody Allen et Albert Cohen réunis, tout ce qui fait l'originalité et la profondeur des bandes dessinées de Sfar, qui marie ici mieux que jamais esprit ludique et intelligence.

Mon avis : Je connais l'auteur pour sa série Le Chat du Rabbin, que j'ai pu apprécier. Alors, c'est assez confiante que je me suis penchée sur ce roman, en me demandant ce que Joann Sfar allait pouvoir imaginer autour de cette figure mythique du vampire. Cette figure ne lui ai pas étrangère puisqu'il a travaillé sur les bandes dessinées jeunesse Le Petit Vampire.
Tragédie, ironie, et une pointe de surnaturel sont présents pour nous présenter Ionas, jeune officier russe qui se planque avec son régiment pour éviter les Allemands. Ceux-ci vont les massacrer et seul Ionas reviendra d'entre les morts. S'il comprend bien vite qui il est devenu, il refuse de faire le mal et se pose moult questions sur les raisons de son retour. S'oppose alors Nature et Volonté.

Ce récit, très encré dans les traditions juives, aurait pu être intéressant si celles-ci ne perdaient pas le lecteur au bout d'un moment. Car, personnellement, je n'y connais rien, et l'incursion du fantastique rend difficile le distinguo entre tradition religieuse et fiction. Et puis tout se mélange : la religion, la condition humaine, la guerre, la psychanalyse, la famille, l'amour. Beaucoup trop de thématiques à mon sens. J'ai lu que certains comparaient ce roman à des films de Woody Allen. La comparaison me semble juste : c'est bavard et nombriliste comme ces films. Vous l'aurez compris, je n'aime pas W. Allen et je n'ai pas aimé cette lecture. 460 pages d'introspection et de "je voudrais bien mais je n'ose point", c'est longuet et lassant. Ionas subit sa condition de vampire, ne veut pas tuer, mais y est bien contraint car l'étincelle de vie refuse de s'éteindre en lui. Tout se termine en eau de boudin, sans qu'on comprenne vraiment au final le pourquoi de cette résurrection.
A l'exception de cette phrase, qui se détache fortement de toute cette logorrhée :
"J'ai voulu croire qu'il y avait un monstre magique, mais tout était normal." Petit hommage à Hannah Harendt et sa banalité du mal... La seule phrase à retenir et qui fait forcément réfléchir.

Je remercie tout de même Entrée Livre pour cette découverte.

Commentaires

Sandrine a dit…
Moi non plus, je n'ai pas particulièrement apprécié, même si j'aime Woody Allen. Le début partait bien, avec scène de guerre, mais la suite est bavarde, en effet.
Cachou a dit…
Je n'entends que des critiques mitigées ou négatives à propos de ce livre... J'aime beaucoup Joann Sfar mais je trouve qu'il tourne beaucoup en rond ces derniers temps, à commencer plein de projets sans les finir en plus. Du coup, plus trop envie de me pencher sur ce livre et ton avis ne vient que confirmer les autres critiques rencontrées donc.
La chèvre grise a dit…
@ Sandrine : Oui, contrairement à beaucoup, le côté gore ne m'a pas gênée. Le récit ne se limite pas à ça.

@ Cachou : c'est marrant, moi je n'avais vu que des avis plutôt positifs. Mais c'est vrai que les thématiques de l'auteur sont un peu tout le temps les mêmes...
Nelfe a dit…
Ah mince tu n'as pas aimé plus que cela...
Perso j'ai bien aimé cet ouvrage. J'ai adoré découvrir Sfar en écrivain (je l'aime déjà beaucoup en dessinateur et réalisateur) et voir qu'il arrivait bien à transposer sur ce support tout son univers.
Mon avis en détail si ça te dit de le lire: http://cafardsathome.canalblog.com/archives/2013/05/24/27230663.html
La chèvre grise a dit…
@ Nelfe : effectivement, tu as su te laisser emporter et apprécier ta lecture. Ton avis m'avait d'ailleurs encouragé à tenter l'expérience. Pour moi, c'est raté, mais je ne t'en veux pas ;-)

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