Le garçon en pyjama rayé [John Boyne]

L’auteur : John Boyne est un écrivain irlandais né en avril 1971.

L’histoire : Vous ne trouverez pas ici le résumé de ce livre. On dira simplement qu’il s’agit de l’histoire du jeune Bruno que sa curiosité va mener à une rencontre de l’autre côté d’une étrange barrière. Une de ces barrières qui séparent les hommes et qui ne devraient pas exister.

Mon avis : Les avis largement positifs m’ont permis de découvrir ce livre. Aucun résumé de l’histoire n’est donné, ni même sur la 4e de couverture, comme vous pouvez le constater. Par contre, un lecteur un minimum attentif à la couverture comprend bien vite de quoi il est ici question. Donc, point d’effet de surprise pour moi. Je cherchais de l’émotion avant tout.

Ce roman est présenté comme un roman jeunesse. Le sujet est grave, difficile à aborder même avec des adultes, chargé en émotion. Alors, l'auteur va utiliser un stratagème : adopter le point de vue d'un enfant de 9 ans, qui débarque dans le monde de l'horreur, mais du bon côté de la barrière, celui des bourreaux. Il ne comprend pas ce qui se déroule juste devant ses yeux, au point, parfois, de passer pour simplet, même si le lecteur se doute que ses parents ne lui expliquent pas la situation et la part qu'eux-mêmes y prennent. Cherchant à se distraire, Bruno va partir explorer le nouveau monde qui l'entoure et découvrir un autre petit garçon de 9 ans, vêtu d'un pyjama rayé, et séparé de lui par un grillage.

Ce qui dérange justement dans ce roman, c'est cette espèce de légèreté véhiculée par le point de vue narratif. J'entends bien que c'est fait exprès, mais j'avoue avoir été gênée des jeux de mots sur les noms propres qui pourraient prêter à sourire alors que la situation est horrible. Je me suis sentie mal à l'aise. En même temps, je me dis que ce sentiment de malaise qui m'a habitée était peut être recherché et montre l'importance de ce sujet. Le lecteur, adulte tout du moins, sait très vite de quoi il est question ici et c'est le décalage entre le ton léger de Bruno et la gravité des événements qui provoque cette gêne.

Dans tous les cas, un roman émouvant, mais qui devra être accompagné de beaucoup d'explications pour le jeune public. Car déjà la situation de Bruno n'est absolument pas crédible. Et bien sûr, pour les plus jeunes, les références sont incompréhensibles, comme cette fin qui n'est pas explicite. Un adulte, avec ses connaissances historiques, comprendra très vite où l'histoire ne peut que mener. La fin est donc prévisible mais l'Histoire, avec un grand H, est ici occultée totalement. Or ce sont bien les références qui y sont constamment faites qui font toute la force de ce roman. Et il serait dommage que les jeunes lecteurs passent à côté, ce contentant de se reconnaître dans l'histoire d'une amitié improbable. J'avoue préférer qu'on appelle un chat un chat et je n'aime pas trop qu'on édulcore un récit sous prétexte de ne pas heurter des sentiments. Pas sur des sujets aussi graves en tout cas.

Enfin, j'insiste sur les explications nécessaires, cette fois quel que soit l'âge du jeune public (enfant ou adolescent), car la toute dernière phrase n'est pas à prendre au pied de la lettre : "... rien de semblable ne pourrait plus jamais arriver. Pas de nos jours". Quand on voit la situation actuelle, je n'en suis bien évidemment pas convaincue et la vigilance doit être maintenue. C'est à nous de nous questionner toujours sur ce sujet pour qu'il ne se reproduise plus.

Commentaires

Sandrine a dit…
Bonjour,
La grande naïveté du jeune garçon, c'est bien ce qui fait débat dans ce roman. Si on n'y croit pas, rien n'est plus crédible. Sauf le malaise qui reste bien palpable, parce que justement, ce genre d'horreur reste possible aujourd'hui.
Faelys a dit…
un roman qui est toujours accompagné d'une petite discussion quand il est emprunté chez moi. d'autres textes sont plus facilement compréhensibles, mais il reste fort et intéressant.
Alex Mot-à-Mots a dit…
Un roman indispensable pour nos ados.
La chèvre grise a dit…
@Sandrine : tout à fait d'accord avec toi, c'est bien la naïveté qui pose question.

@Faelys : clairement il faut en discuter avec les jeunes lecteurs.

@ Alex Mot-à-Mots : je trouve le sujet indispensable à aborder. Après, il y a peut être d'autres romans plus simples et moins polémiques.
Manu a dit…
Je suis à 100% d'accord avec ton billet.

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