Oliver ou la fabrique d'un manipulateur [Liz Nugent]

L'auteur : Liz Nugent est une auteur irlandaise née à Dublin en 1967. Elle a exercé divers emplois (dans des bureaux, puis dans des théâtres et pour la radio et la télévision) avant de se lancer dans l'écriture de nouvelles pour adultes et pour enfants. Oliver ou la fabrique d'un manipulateur est son premier roman.

L'histoire : Alice et Oliver Ryan sont l'image même du bonheur conjugal. Complices, amoureux, ils mènent la belle vie. Pourtant, un soir, Oliver agresse Alice avec une telle violence qu'il la plonge dans le coma. Alors que tout le monde cherche à comprendre les raisons de cet acte d'une brutalité sans nom, Oliver raconte son histoire. Tout comme les personnes qui ont croisé sa route au cours des cinquante dernières années. Le portrait qui se dessine est stupéfiant. Derrière la façade du mari parfait se cache un tout autre homme. Et lorsque le passé resurgit, personne n'est à l'abri, pas même Oliver.

Mon avis : Voici le roman de septembre des Éditions Denoël qui va faire parler. Vu le pitch, je craignais un énième roman surfant sur la vague des Apparences de Gillian Flynn. Or, si j'ai bien aimé ce dernier, j'aime aussi ne pas avoir l'impression, pour une question de mode, de lire sempiternellement le même livre, où seuls les noms des personnages changent. Heureusement, ce ne fut pas le cas.

Dès les premières pages, Oliver explique que sa femme git à ses pieds, alors qu’il vient de la passer à tabac. Aucun remord chez lui, aucun sentiment. Il évoque des faits, ne met aucun affect dans son récit. Pourtant, sur le papier, Oliver et Alice forme un couple idéal. Sauf que, bien sûr, en grattant un peu la surface…

Pour la gratter, cette surface, l’auteur va, au fur et à mesure des témoignages, brosser l’image d’un homme qui se transforme en monstre. Par petites touches, le lecteur voit se dessiner une personnalité sombre. On se doute bien qu’il y a un problème quelque part, mais je n’ai pas pu trouver le fin mot de l’histoire avant d’atteindre les dernières pages. Les éléments sont tous pourtant bien présents dès le début (un peu comme pour le principe du fusil de Tchekhov, que je viens de découvrir).

L’alternance des voix, à la première personne, des différents personnages, donne du rythme au récit. C’est assez classique, mais ici ça fonctionne parfaitement. Chaque personnage révèle sa part de vérité sur le personnage d'Oliver, mais aussi sa propre personnalité. Certains sont plus attachants que d'autres, mais chacun abrite ses regrets. Seule Alice ne prend pas la parole, et j'aurais trouvé intéressant de connaître son point de vue, peut être à la toute fin, dans une sorte de flashback. 

On oubliera vite le titre en VF, vraiment pourri, pour ne garder que Unravelling Oliver (littéralement "Démêler Oliver") qui correspond bien mieux. Car plutôt qu'un monstre, Oliver est un être qui a totalement perdu son humanité par une suite de décisions effrayantes, qui le mèneront au bord de la folie.

Oliver ou la fabrique d'un manipulateur, de Liz Nugent
Traduit par Édith Soonckindt 
Denoël
Septembre 2015

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Me voilà intrigué, et le titre noté.

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