L'affaire Arnolfini [Jean-Philippe Postel]

L'auteur : Né en 1951, Jean-Philippe Postel a exercé la médecine pendant 35 ans.

L'histoire : Peint aux alentours de 1434, Les époux Arnolfini de Jan Van Eyck aura été l'un des tableaux les plus commentés de l'histoire de la peinture. Pourtant, Jean-Philippe Postel nous fait découvrir ici ce que personne avant lui n'y a vu. C'est d'abord la stupeur qui guide notre lecture : stupeur de trouver révélées les énigmes distillées par Van Eyck dans une œuvre infiniment mystérieuse. Du début à la fin, une curiosité folle nous fait tourner ces pages aussi avidement que celles d'un roman policier. Telle est la prouesse de Postel : nous donner à comprendre ce que nous voyons dans la ferveur de lire ce que nous lisons.

Mon avis : De mémoire, c'est dans un des numéros de Lire que j'ai vu ce petit livre. Il a attiré mon attention puisque, il y a maintenant quelques années, alors que je passais ma licence de lettres, j'ai passé un examen sur un autre tableau de Van Eyck, La Vierge du chancelier Rolin, dont je vous ai déjà parlé sur ce blog. Et c'est avec envie de retomber dans cet univers, ainsi qu'un peu d’appréhension sur le côté ardu que peut souvent avoir ce type d'ouvrage, que j'ai entamé ma lecture. Appréhension totalement inutile puisque j'ai vraiment adoré ces 135 pages, qui se dévorent comme une enquête picturale. Jean-Philippe Postel dissèque littéralement le tableau pour nous exposer sa théorie. Les mystères sont presque tous levés un à un.

Comme précisé plus haut, Jean-Philippe Postel n'est pas historien de l'art, ni spécialiste, mais médecin. C'est donc de façon chirurgicale qu'il analyse la toile, se basant sur les différentes études d'experts, ainsi que leurs différentes théories, pour nous proposer la sienne. Car bien sûr, rien n'est prouvable. On ne sait quasi rien de Van Eyck, et si peu de ce tableau, même en ce qui concerne ses propriétaires. Et même si parfois Jean-Philippe Postel force un peu le trait, manipulant (à ce qu'il m'a semblé, mais je ne suis pas experte non plus) les éléments pour les faire coïncider avec la thèse choisie, cela reste fascinant à lire. Car d'autres trouvent enfin une explication là où le mystère planait. Qu'on adhère ou non à la proposition de l'auteur, le lecteur passe un excellent moment, scrutant les moindres détails.

La bonne idée aussi est d'avoir, dans les rabats du livre, ajouter des visuels en couleur des détails que l'auteur évoque dans le corps du texte. A défaut d'avoir l'original sous les yeux, puisqu'il faut aller à la National Gallery de Londres pour le voir, c'est vraiment très utile.

Les Époux Arnolfini de Jan Van Eyck
L'affaire Arnolfini, de Jean-Philippe Postel
Actes Sud
Mars 2016

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
J'aime bien les romans à partir d'un tableau, même si on ne peut pas avoir l'original sous les yeux.
La chèvre grise a dit…
@ Alex Mot-à-Mots : je ne parlerais pas de roman, on est bien plus sur une étude, mais tout à fait accessible.
Mariejuliet a dit…
Alors, j'allais dire j'aime bien les romans sur les tableaux, pas sure qu'une étude me plaise, la je préfère les visites commentées dans les musées.
La chèvre grise a dit…
@ MJ : après ça se lit comme un roman. L'auteur dissèque le tableau, explique pourquoi certains éléments ont été interprétés d'une certaine façon... Une sorte d'enquête policière donc, mais ce n'est pas romancé.
Mariejuliet a dit…
Oki, doki :-)
Edyta a dit…
Même s'il ne s'agit pas d'un roman, je note ce livre qui a l'air intéressant.

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