Thermæ Romæ [Mari Yamazaki]

L'auteur : Mari Yamazaki est une mangaka japonaise née en avril 1967. Des études en Europe l'ont amenée à étudier l'art italien et à vivre pendant 11 ans en Italie avant de revenir au Japon, à Sapporo où elle donne des cours d'Italien. Elle revient brièvement en Europe avant de s'installer aux États-Unis, d'où elle publie Thermæ Romæ dans le mensuel Comic Bean.

L'histoire : Rome, IIe siècle de notre ère, sous le règne d'Hadrien, Lucius Modestus, architecte en panne d'inspiration, découvre lors d'un bain aux thermes un passage à travers le temps et l'espace qui le fait émerger au XXIe siècle, dans des bains publics japonais ! ! ! Entre stupeur et émerveillement, Lucius parviendra-t-il à mettre à profit cette fantastique découverte pour relancer sa carrière ?

Mon avis : Encore une série dont j’ai vu le nom trainer quelque part et que j’ai croisé à la bibliothèque. Et hop, j’ai emprunté les 6 tomes de la série, complète, sans trop savoir dans quoi j’allais m’embarquer. Dépaysement garanti puisque Mari Yamazaki s’intéresse ici à l’art du bain, commun à la Rome antique et au Japon moderne. J’ai rarement vu plus original comme sujet de manga.

Au début, j’ai eu quelques craintes. Le premier tome met en scène Lucius Modestus, architecte spécialisé dans la construction de thermes, mais qui a bien du mal à se renouveler et ne trouve plus de chantier. Au cours d’un passage aux thermes de son quartier, alors qu’il réfléchit à son futur, il est entrainé sous l’eau et quitte la Rome du IIe siècle pour se retrouver dans un bain public au Japon contemporain ! A chaque chapitre correspond alors un voyage dans le temps, duquel notre jeune architecte rapporte une idée qui lui permet de retrouver l’inspiration. Vu le choix de construction narrative, on comprend vite que l’auteur va jouer sur le comique de répétition et de décalage. Ça augurait de me lasser si les cinq tomes suivants jouaient sur le même registre.

Mais l’auteur est plus fine : elle utilise son extraordinaire érudition sur le monde latin, et a certainement fait un gros travail de documentation pour assoir son récit sur un socle historique captivant. A partir du second tome, on va suivre, aux côtés de Lucius, la fin du règne d’Hadrien. Ça m’a furieusement donné envie de se pencher dans ces Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar que je n’ai toujours pas lues. Mais surtout, cette trame politique donne plus de profondeur à l’ensemble et évite de lasser par trop de répétitions. On s’intéresse dès lors aux différents défis que l’empereur va lancer à notre ingénieur.

Le personnage principal de Lucius n’est pas particulièrement sympathique ou attachant. Il est hautain, convaincu de sa supériorité et de celle de sa civilisation. Bref, un romain caricatural au possible. Mais le voir tout honteux de ne faire que copier les inventions japonaises modernes, lui qui se considère comme faisant partie d’une élite, est savoureux. Son regard va évoluer petit à petit, dans la limite de ce qu’on peut admettre d’un homme de l’Antiquité tout de même. Et il est intéressant de voir que ce qui choque aujourd’hui ne choque pas forcément un homme de son temps, et inversement.

Le dessin quant à lui n’a rien de très remarquable, restant tout à fait classique.

Un sujet original et une série courte, qui permet de se divertir et donne envie, pourquoi pas, d’un petit voyage en Italie.

Thermæ Romæ, 6 tomes, de Mari Yamazaki
Traduit par Wladimir Labaere et Ryôko Sekiguchi
Éditions Casterman
Mars 2012 à Octobre 2013

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Tu es comme ça : tu empruntes les 6 d'un coup ? J'aurais fait pareil...
La chèvre grise a dit…
@ Alex Mot-à-mots : quand ça fait une série complète, oui :) Et puis ça se lit vite.
tadloiducine a dit…
Bien apprécié cette série, que je possède en édition "normale" en 6 volumes, et en édition "double" en 3 volumes (en un format un peu plus grand...).
Mari Yamazaki est en train de publier Olympia Kyklos, sur le même principe d'aller-retours antiquité / Japon contemporain. cette fois-ci, son héros est un potier-athlète...
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

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