Sur un air de fado [Nicolas Barral]

L'auteur
: Né en décembre 1966, Nicolas Barral est un dessinateur de bande dessinée français. Il est notamment connu pour avoir repris, en alternance avec le dessinateur Emmanuel Moynot, la série de bande dessinée Nestor Burma, une adaptation des romans de l'écrivain français Léo Malet, succédant ainsi à Jacques Tardi.

L'histoire : Lisbonne, été 1968.

Depuis 40 ans, le Portugal vit sous la dictature de Salazar.

Mais, pour celui qui décide de fermer les yeux, la douceur de vivre est possible sur les bords du Tage. C'est le choix de Fernando Pais, médecin à la patientèle aisée. Tournant la page d'une jeunesse militante tourmentée, le quadragénaire a décidé de mettre de la légèreté dans sa vie et de la frivolité dans ses amours.

Un jour où il rend visite à un patient au siège de la police politique, Fernando prend la défense d'un gamin venu narguer l'agent en faction. Mais entre le flic et le médecin, le gosse ne fait pas de distinguo. Et si le révolutionnaire en culottes courtes avait vu juste ? Si la légèreté de Fernando était coupable ?

Le médecin ne le sait pas encore, mais cette rencontre fera basculer sa vie…

Mon avis : Barral l'assume comme tel, cette histoire lui est venue en lisant Pereira prétend d'Antonio Tabucchi, dont j'avais lu l'adaptation en bande dessinée de Pierre-Henry Gomont. Pas étonnant donc que j'y ai retrouvé la même ambiance collante, mélange de chaleur et de tension sociale et politique. Tout comme Pereira, Fernando Pais s'est laissé endormir. Il vit dans une forme de légèreté qui apparaît vite factice au lecteur. Depuis sa séparation, il a mis de côté ses idéaux et il se laisse vivre, regarde ailleurs. D'autant que des choses il en voit, ne serait-ce que tous les matins quand il passe au poste de police, soigner son premier patient qui n'est autre que son propre frère, appartenant à la PIDE, la police politique, bras armé de la dictature.

Il faudra une rencontre un peu particulière pour le réveiller. Le scénario, s'il a donc comme un air de déjà vu pour ceux qui connaissent Pereira prétend, a les mêmes qualités sensibles : sobre et sans aucun jugement, Barral, qui signe ici son premier album solo, croque le portrait d'un homme qui a abandonné et qui va trouver une raison pour se battre à nouveau. Un peu forcé peut être, mais on sent que le vent de la révolte n'est pas très loin. Manque juste une pointe de courage.
Graphiquement c'est beau, avec un petit bémol sur les visages cependant. Mais les couleurs sont parfaites, notamment les teintes sépia des flashbacks. La chaleur de plomb de l'été et du régime est parfaitement rendue.


Sur un air de fado, de Barral
Éditions Dargaud
Mars 2021

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Un bon souvenir de lecture.

Posts les plus consultés de ce blog

La cité Abraxas

Thérapie [Sebastian Fitzek]

Musée du Quai Branly #4 : Amériques