Green Manor [Bodart et Vehlmann]

Les auteurs
: Fabien Vehlmann, scénariste de bande dessinée né en 1972, est connu sur ce blog, notamment avec Le marquis d'Anaon et Les cinq conteurs de Bagdad. Il collabore ici avec les crayons de Denis Bodart, dessinateur et coloriste belge né en 1962.

L'histoire : Le meurtre n'est rien sans un peu d'élégance... Lord paralysé qui cherche à se venger de l'amant de sa femme ; petit bonhomme insignifiant persuadé l'être l'Ange de la Mort ; médecin passionné rêvant d'examiner le cerveau du grand poète et peintre William Blake : les gentlemen croisés au très select Green Manor Club sont pour le moins inquiétants. Car derrière la splendide façade victorienne se cachent en fait les passions les plus violentes et les pulsions les plus meurtrières.

Mon avis : Présentée comme une des bandes dessinées du siècle, il me tardait de découvrir cette sommité du 9e art. Il flotte dans ces pages un relent de crimes, de cherry et de cigares. Le crime est un art qui peut être mené avec beaucoup de raffinement.

La bonne société britannique se retrouve au Green Manor, club select où chaque membre semble rêver au crime parfait. Au fil des seize historiettes racontées ici par le majordome, depuis enfermé à l'asile, les personnages défilent mais tous ont le vice chevillé au corps. Ils imaginent les pires subterfuges pour mettre sur pied le crime parfait, celui indécelable. Est-ce par ennui qu'ils s'adonnent à cette passion ? Ou parce qu'ils sont tellement orgueilleux qu'ils ne s'imaginent pas pouvoir échouer ? En attendant, cela donne lieu à des passes d'armes savoureuses que le lecteur prend un plaisir pervers à suivre. Il faut dire qu'il y a aussi beaucoup d'humour noir savoureux.

Après plusieurs histoires, on a beau connaître le procédé, on se laisse surprendre et on découvre avec délice toute la machination à l'œuvre. Pas de surnaturel, que de la logique, dans la droite ligne d'un Arthur Conan Doyle (dont il sera d'ailleurs question dans un des récits, par le truchement d'une belle mise en abyme).



Le dessin de Denis Bodart est parfaitement adaptée pour rendre l'atmosphère pesante et cynique. Une réserve cependant : le format de l'album est assez petit ce qui fait que les planches ne sont pas très grandes et mal adaptées pour le texte qui se révèle très petit. Mieux vaut lire cet ouvrage en plein jour et bien éclairé. Ce qui est dommage : j'aurais aimé savourer encore mieux dans une ambiance feutrée plus adéquate.


Green Manor, l'intégrale, de Fabien Vehlmann et Denis Bodart
Éditions Dupuis
Octobre 2018

Commentaires

Violette a dit…
Je ne connais pas du tout !! Je trouve que les dessins ont un côté suranné (mais charmant). Je note !
La chèvre grise a dit…
@ Violette : le premier tome date déjà de 2001. Mais le dessin suranné effectivement colle assez à l'époque décrite.

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