La patrie des frères Werner [Philippe Collin et Sébastien Goethals]

Les auteurs
: Né en avril 1975, Philippe Collin est un producteur, animateur de radio, journaliste, auteur et scénariste de bande dessinée. Il collabore ici pour la deuxième fois avec Sébastien Goethals, dessinateur français de bande dessinée né en 1970.

L'histoire : Mai 1945. Dans les ruines fumantes de Berlin, Konrad et Andreas Werner, deux orphelins juifs allemands, sont les spectateurs apeurés de la victoire soviétique.
Juin 1956. Les deux frères ont rejoint les rangs de la Stasi pour échapper au camp de rééducation. Ils deviennent les "gardiens de la révolution mondiale".
Juin 1974. La 10e coupe du monde de football se tient en Allemagne de l'Ouest durant laquelle doivent s'affronter la RFA et la RDA.
C'est le match de la Guerre froide. Erich Honecker, dirigeant de la RDA, décide d'impliquer les meilleurs agents de la Stasi, dont les frères Werner, pour faire gagner l'équipe de la RDA et prouver la supériorité du régime socialiste sur le monde du capitalisme.

Mon avis : Une véritable page d’Histoire à travers le destin de deux frères, voici ce que constitue cet album. Nous découvrons d’abord le phénomène des Wolfskinder, ces orphelins laissés à eux-mêmes dans les ruines de l’Allemagne nazie. C’est la situation des frères Werner, Konrad et Andreas, qui doivent se débrouiller pour survivre. Ils prennent la route de Berlin direction Leipzig où ils s’installent, alors que l’Armée Rouge installe le régime de la future RDA. L’aîné va même se faire recruter par la Stasi, au moment où le rideau de fer se met en place. C’est tout un monde d’espionnage, de propagande et d’enjeux politiques qui s’ouvrent aux deux frères. Jusqu’au match de foot de coupe du monde du 22 juin 1974 à Hambourg qui va opposer RDA et RFA aux yeux du monde entier. Deux équipes, deux modes de vie qui s’affrontent. Un mur qui sépare deux mentalités.

C’est un gros travail de documentation que Philippe Collin et Sébastien Goethals ont réalisé pour nous faire vivre cette période entre la chute du IIIe Reich et celle du mur de Berlin. Entre soumission et doute, le lien de fraternité si fort qui lie Konrad et Andreas est mis à mal, notamment par l’utopie d’une idéologie qui vient si vite en remplacer une autre. Avec une narration extrêmement fluide malgré la richesse du sujet et des illustrations étonnantes, le récit est passionnant. Il se complète d’un dossier à la fin de l’album permettant d’encore mieux comprendre les enjeux.

La patrie des frères Werner, de Philippe Collin et Sébastien Goethals
Éditions Futuropolis
Mai 2020

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