Le prince de la brume [Carlos Ruiz Zafón]

Presque douze ans depuis ma dernière lecture d'un roman de Carlos Ruiz Zafón, avec L'ombre du vent. Depuis, l'auteur est décédé en juin 2020 et n'aura laissé qu'assez peu d'ouvrages à ses lecteurs. Le prince de la brume est le premier roman d'une trilogie pour la jeunesse, et le premier roman que l'auteur publia.

L'histoire : 1943, sur la côte atlantique de l’Angleterre, la famille Carver vient trouver refuge loin de la guerre dans un charmant village de pêcheurs où le temps s’est arrêté. Les deux aînés, Alicia et Max se lient très vite d’amitié avec Roland, un adolescent du coin, qui les entraîne à la découverte de l’épave d'un étrange vieux cargo. Derrière la demeure familiale, un mystérieux jardin statuaire semble quant à lui reprendre vie. Une terrible histoire hante les lieux, et un pacte passé jadis avec le Prince de la brume – être aux mille visages, pire que le Diable – est en train de refaire surface.

Mon avisComme Zafón nous y habituera, nous avons ici un mélange de roman initiatique, de policier et de fantastique, bref, tout ce qui peut composer un roman gothique. Cette fois, il est centré sur les enfants. La famille Carver a déménagé sur la côté pour s'éloigner du fracas de la guerre qui fait rage et elle investit une nouvelle demeure au lourd passé. Un passé que vont exhumer Max, sa sœur Alicia et leur nouvel ami Roland, pendant que le reste de la famille est de façon assez stéréotypée mise à l'écart de la vie quotidienne. Le champ est libre pour le fantastique, servi par une ambiance de bord de mer brumeux et tempétueux. Tous les ingrédients sont là pour donner quelque chose de prenant mais le récit manque de consistance dans son ensemble pour emporter réellement le lecteur.

C'est le premier roman de l'auteur et malheureusement cela se ressent beaucoup à la lecture. Si l'ambiance si chère aux admirateurs de Zafón et qui a fait le succès de L'ombre du vent annonce bien le bout de son nez, on sent que l'auteur n'avait pas encore la maturité littéraire pour la faire aboutir dans un vrai maelström. Le roman est bourré d'approximations et d'éléments gênants qui empêchent de complètement adhérer au récit. Est-ce pour cela qu'il a été catalogué "jeunesse" ?

Quelle idée de situer l'action en Angleterre pour ne rien en faire ? On aurait tout aussi bien pu rester dans des lieux plus communs à l'auteur, dans son Espagne natale sans que cela ne gêne en quoi que ce soit. De la même façon, qu'apporte le contexte de la Seconde guerre mondiale, si ce n'est le prétexte de déplacer la famille Carver ? Ajoutez à cela des découvertes très opportunistes qui arrivent parfois avec beaucoup trop de facilité et des explications assez nébuleuses.

Une déception au point que je ne lirai pas la suite de cette trilogie.


Le prince de la brume, de Carlos Ruiz Zafón
Éditions Robert Laffont pour Kindle
2011

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Je comprends ta déception.

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