Un simple viol [Marie-Sabine Roger]

Trois mois après ma lecture de La théorie du chien perché, je continue ma découverte des romans de Marie-Sabine Roger avec un titre un peu à part dans sa bibliographie.

L'histoire : Un soir d'hiver, au fond d'une impasse, un homme va la coincer contre un mur dans le noir. Elle a douze ans.

Elle grandit, ça la suit comme une ombre. Ca lui colle à la peau.

Aujourd'hui, elle n'a pas de but, pas d'espoir. Elle a bien mieux que ça : la rage. La vraie rage, comme les bêtes, à vouloir mordre au sang, au plus vif de la chair. A vouloir déchirer le premier qui la cherche, ou la trouve.

Ou la touche.

Mon avis : Marie-Sabine Roger sait écrire des textes touchants. Souvent humoristiques et pleins de poésie. La théorie du chien perché était déjà un double récit un peu à part, mettant en scène des personnages en souffrance, leur permettant de s'exprimer avec une voix qu'on entend peu en général, et laissait un souvenir doux-amer. Ici, dans Un simple viol, c'est le sujet qui est difficile et qui empêche toute forme d'humour. 

Le monde de Maud est fait de noirceur, sans aucune touche de couleur. Le viol qu'elle a subi à douze ans la ronge. À dix-sept ans, son attitude crie pour elle sa douleur : elle est agressive, ne se laisse approcher par personne, prête à mordre à la moindre réflexion. Elle ne se donne pas, elle ne construit aucune relation à l'autre, de quelque nature que ce soit. Écrit à la première personne, le récit de Maud fait froid dans le dos : il n'y a aucun espoir. Elle attend la fin de sa vie, sans rien en espérer. Jusqu'aux dernières lignes, atrocement libératrices.

Dans la lignée des personnages fragiles que l'autrice sait présenter, Marie-Sabine Roger dit à mots concis et percutants la douleur, la trahison, la violence, le désespoir d'une presque mort à l'âge où normalement toute adolescente commence à explorer toutes les facettes de la vie. Cette fois pourtant il n'y a aucune lumière dans cette existence dévastée par la cruauté d'un homme qui a pris ce qui ne lui appartenait pas et ne lui était pas donné.

C'est fort et perturbant, donc indispensable.


Un simple viol, de Marie-Sabine Roger
Éditions Grasset
Septembre 2004

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Une auteure que j'apprécie. Je note ce roman au titre percutant.
La chèvre grise a dit…
@ Alex Mot-à-mots : et au récit assez sombre par rapport à ces autres oeuvres.

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