Hôtel de la Folie [David le Bailly]

L'auteur
: Né à Paris, David le Bailly est un journaliste (La Tribune, Paris Match puis L'Obs) spécialisé dans les enquêtes et écrivain français. Hôtel de la Folie est son troisième roman, sélectionné pour le prix de Flore et le prix Interallié.

L'histoire : Un enfant se souvient de sa grand-mère, Pià Nerina, et de la dernière fois qu’il l’a vue, soir fatidique où devant ses yeux, elle s’est jetée par la fenêtre de leur grand appartement près de la place de l’Étoile. Point de départ d’un huis clos infernal raconté par l’unique survivant, ce petit garçon devenu grand.

De Naples à Paris en passant par la Riviera se dessine alors une quête pour remonter aux origines. Qui était Pià Nerina ? Par quels moyens, Napolitaine sans le sou mais jeune femme flamboyante, a-t-elle réussi, sans un diplôme, sans travail déclaré, à constituer ce patrimoine dans les beaux quartiers de Paris ? Fausses dates de naissance, fausses adresses, faux mariage : l’auteur découvre une vie aventureuse où les fuites succèdent aux mensonges. Où plane l’ombre d’un homme dont il faut coûte que coûte dissimuler l’identité. Où la folie d’une fille idolâtrée, sa violence deviennent le prix à payer pour s’être affranchie des lois et des codes. Prisonnières à tout jamais, l’une et l’autre, de l’Hôtel de la Folie.

Mon avis : L'auteur nous propose ici un roman largement autobiographique, lequel s'avère une quête pour comprendre la femme qui l'a élevé, sa grand-mère, Pià Nerina. David le Bailly cherche à retracer la vie de cette Napolitaine désargentée qui finit sa vie dans un très grand appartement dans un des quartier les plus huppé de la capitale française. Une vie dont il ne sait quasi rien en dehors de quelques souvenirs d'enfance heureux auprès de cette femme, et malgré la présence pesante de sa mère, jugée folle. 

On sent beaucoup d'amour de la part du narrateur pour la femme qu'l cherche à comprendre. Pour autant, je n'ai pas été séduite par l'écriture qui ne suit pas un fil chronologique et fait des va et vient permanents dans les différentes périodes de la vie de Pià Nerina, en fonction des découvertes que l'auteur fait : une archive, une photographie, un témoignage... Cela donne une image très floue de cette grand-mère alors que justement tout le propos est de l'éclairer. J'ai donc eu l'impression que l'auteur ressassait beaucoup et tout le temps les mêmes questionnements sans jamais vraiment avancer, se contentant d'une succession d'hypothèses plus ou moins probables, d'autant que la grand-mère et la mère étaient clairement mythomanes. Difficile dès lors de démêler le vrai du faux.

Alors oui, ce roman peut-être vu comme une belle déclaration d'amour filial, un très bel hommage à la femme qui l'a fait grandir - mais qui lui a aussi infligé l'épreuve la plus terrible en se défenestrant devant les yeux d'un enfant de 10 ans. Mais la narration à la deuxième personne du singulier, ce questionnement permanent, cette litanie d'hypothèses toutes plus sombres et toxiques les unes que les autres m'ont étouffée. On sent que David le Bailly sort un écrit qui lui est très intime, mais peut être trop justement pour être un roman plus qu'un exutoire psychologique.


Hôtel de la Folie, de David le Bailly
Éditions Seuil pour Kindle
Août 2023

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Un exutoire psy ? Quelle idée de le publier....
La chèvre grise a dit…
@Alex Mot-à-mots : beaucoup ont aimé, mais j'avoue que je comprends pas cet engouement.

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