Mary Jane [Frank Le Gall et Damien Cuvillier]

Les auteurs
: Frank Le Gall est un auteur de bande dessinée français né en septembre 1959, aussi bien dessinateur que scénariste. Ici il s'associe avec le dessinateur français Damien Cuvillier.

L'histoire : Londres, 1880. C'est l'histoire d'une femme. C'est l'histoire d'une tragédie annoncée. Elle s'appelle Mary Jane Kelly, mais qu'importe ? Comme toutes les autres femmes, sa vie vaut moins que celle d'un chien.
Veuve à dix-neuf ans, elle fuit le pays de Galles pour rejoindre Londres l'opulente, qui promet à tous travail et félicité.
Elle n'y trouvera que l'enfer en dégringolant, une mauvaise marche après l'autre, l'effroyable escalier où l'entraînent les diables de rencontre tapis dans l'ombre des ruelles.
C'est l'histoire d'une femme qui se bat, dans un monde où, pour les femmes, le combat était perdu d'avance...

Mon avis : Mary Jane Kelly, voici un nom qui doit spontanément vous rappeler le dernier meurtre commis par Jack l'Éventreur en novembre 1888. Un meurtre jamais résolu. On pourrait donc s'attendre à une énième histoire autour de ce célèbre tueur en série, il n'en est rien.  Les auteurs choisissent d'apporter toute la lumière sur la dernière victime, celle qui sera la plus mutilée de toute. On la suit de son veuvage à 19 ans jusqu'à sa mort, et on comprend qu'elle était bien plus qu'un cinquième nom sur la liste du tueur. Elle était le symbole de la condition féminine de son époque préindustrielle au Royaume-Uni, où le moindre accident de la vie mettait les femmes au ban de la société et directement sur le chemin de la prostitution.


Le dessin à l'aquarelle de Cuvillier rend à merveille l'aspect glauque des ruelles londoniennes par ses teintes ocres et ses jeux d'ombres ; la jeune femme entame une véritable descente aux enfers et le désespoir sourd en permanence de tous les lieux qu'elle croise, ne rencontrant sur son chemin que des personnes visant à l'entrainer plus profondément encore.

Une belle idée que Le Gall avoue avoir eu du mal à mettre en forme. Et cela se sent : il manque de la densité à ce récit. Certains passages sont trop longs quand d'autres sont trop rapidement abordés, ce qui oblige le lecteur à chercher en permanence à comprendre ce qui lui est raconté et l'empêche de s'imprégner pleinement de la tragédie qui se joue. La tension ne s'installe pas vraiment et on reste à distance. Au point que la fin atroce de la jeune Mary Jane pourrait sembler avoir abréger ses souffrances.


Mary Jane, de Frank Le Gall et Damien Cuvillier
Éditions Futuropolis
Février 2020

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