Le dernier thé de maître Sohô [Cyril Gély]

L'auteur
: Né en mars 1968, Cyril Gély est un écrivain français, auteur de romans, de pièces de théâtre ou de scénario de films.

L'histoire : Juillet 1853. La flotte américaine entre dans la baie d'Edo. La modernité rattrape le Japon. Mais Ibuki, une jeune femme rebelle, n'a qu'un rêve : devenir samouraï. Elle part en quête d'Akira Sohô, illustre guerrier qui a délaissé la violence du sabre pour la voie du thé. Leur rencontre sera bien plus qu'un affrontement entre maître et disciple. Tout les oppose mais les extrêmes, dit-on, finissent toujours par se rejoindre.

Mon avis : Que peut-il y avoir de commun entre le monde des samouraïs et celui du thé ? Celui des samouraïs est mourant en cette année 1853. La politique isolationniste du Japon touche à sa fin avec l'arrivée de la flotte américaine commandée par Perry. Le pays va s'ouvrir à la modernité. Que faire des la traditions des guerriers ancestraux si engoncés dans la notion d'honneur quand tout pousse au commerce ? Ceux-ci doivent rendre officiellement les armes en 1876, marquant la fin de leur classe privilégiée.

Pourtant, c'est à cette époque que l'auteur Cyril Gély imagine la passation d'un vieux samouraï renommé, à la retraite. Maître Sohô va enseigner son art à une jeune fille déguisée en homme pour pouvoir suivre cet enseignement normalement interdit aux femmes. Ibuki veut prendre son destin en main et refuse la tutelle masculine. Elle voit dans l'art de l'épée la possibilité de se libérer. Conscient du temps limité de ce monde, Maître Sohô décide de lui enseigner en même temps l'art du thé. Elle ne s'en doute pas, mais ce sera sa vraie voie d'émancipation.

Un récit poétique qui vous prend par la main et vous fait succomber doucement mais surement à son charme, jusqu'à la dernière page dont on sort, émerveillé. Avec un travail de l'écriture très proche de ce qu'on peut lire d'auteurs japonais : phrases courtes, parfois sans verbe, balançant entre les deux points de vue, fourmillant de détails... Un bonbon de lecture à ne pas manquer !


"Je ne veux pas perdre ma vie à la gagner. Je veux être libre. Libre d'écouter le silence des brumes quand l'hiver s'en vient, ou d'observer la forme des nuages les jours de pluie, ou d'aller simplement dans le printemps. Ce n'est rien. Et c'est tout." (p°46)

Le dernier thé de maître Sohô, de Cyril Gély
Éditions Arléa
Mai 2024

Commentaires

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Thérapie [Sebastian Fitzek]

Cézembre [Hélène Gestern]

La cité Abraxas